Des délégations militaires des deux camps rivaux libyens se sont entendues sur une feuille de route pour appliquer l’accord de cessez-le-feu récemment signé entre les deux parties, a annoncé mardi soir l’émissaire onusienne en Libye.
Les discussions ont débuté lundi à Ghadamès, dans le sud-ouest de la Libye, réunissant cinq responsables militaires des deux camps qui composent la Commission militaire conjointe, en présence de la cheffe par intérim de la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul), Stephanie Williams.
La Libye est engluée dans une crise inextricable depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi, déchirée entre deux pouvoirs rivaux: le Gouvernement d’union nationale (GNA), reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, et le camp du maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’Est soutenu par une partie du Parlement élu et son président, Aguila Saleh.
Les pourparlers de Ghadamès interviennent après des réunions à Genève ayant débouché sur la signature, le 23 octobre sous l’égide de l’ONU, d’un accord de cessez-le-feu permanent avec « effet immédiat ».
Mardi soir, Stephanie Williams a annoncé que les deux parties étaient tombées d’accord sur la « mise en place d’un sous-comité militaire pour superviser le retrait des forces militaires vers leurs bases respectives et le départ des forces étrangères des lignes de front ».
La Commission a aussi décidé de « se réunir à Syrte (nord) le plus tôt possible » et d’y établir son siège, a dit Mme Williams. C’est autour de cette ville que se situe depuis mi-juin la ligne de front.
La première réunion chargée de « réunifier les Gardes des installations pétrolières » se tiendra, elle, le 16 novembre au terminal de Brega, tandis que les liaisons aériennes seront rétablies « immédiatement » avec Sebha et Ghadamès dans le sud.
La Commission a exhorté le Conseil de sécurité à « adopter rapidement une résolution contraignante pour mettre en œuvre l’accord de Genève de cessez-le-feu », a fait savoir l’émissaire onusienne.
« L’absence de coups de feu n’est guère suffisante pour produire une paix solide », explique à l’AFP Jalel Harchaoui, chercheur à l’Institut Clingendael de La Haye. Car malgré un processus de l’ONU qui semble « très encourageant (…) on relève un indéniable manque de substance et d’authenticité politiques qui semble tout de même inquiétant », décrypte le chercheur.
Mardi soir, l’émissaire onusienne à elle-même appelé la classe politique libyenne à être « à la hauteur de la responsabilité ».
« Nous rappelons à tous ceux qui se mettront en travers du processus qu’ils s’exposeront à des sanctions », a pour sa part mis en garde mardi soir, l’ambassadeur américain en Libye Richard Norland.