Libye : 42 civils tués dans un raid aérien sur une ville du sud

Au moins 42 civils ont été tués dans une frappe aérienne contre une ville du sud de la Libye, a indiqué lundi un responsable local en accusant les forces de Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est de ce pays plongé dans le chaos.

Le gouvernement d’union nationale (GNA) basé à Tripoli et reconnu par l’ONU, a confirmé cette frappe dimanche soir contre le quartier Al-Qalaa à Morzouk, qui a fait "des dizaines de morts et de blessés parmi les civils". Il a lui aussi attribué le raid aux forces du maréchal Haftar, rival du GNA.

Ce nouveau drame est survenu alors que près de huit ans après la chute du régime de Mouammar Kadhafi après une révolte en 2011, le pays riche en pétrole reste meurtri par les luttes de pouvoir, les combats et les attaques.

Selon Ibrahim Omar, membre du conseil municipal de Morzouk, "dimanche vers 17H00 (15H00 GMT), un bâtiment gouvernemental où étaient réunies plus de 200 personnes, des notables et doyens de la ville pour régler des différends sociaux, a été visé par trois frappes".

"Les bombardements ont fait 42 morts parmi les civils et plus de 60 blessés dont 30 dans un état grave" a-t-il affirmé, ajoutant que l’hôpital de la ville était "débordé".

Joint par téléphone par l’AFP, M. Omar a appelé "les organisations locales et internationales à l’aide pour gérer cette catastrophe".

Il a expliqué qu’"il n’y avait pas de personnes armées ou recherchées parmi celles réunies, contrairement à ce que certains médias ont prétendu. Haftar a bombardé des civils sans armes".
Opération contre le Sud

Le GNA a, dans un communiqué sur sa page Facebook, condamné "avec force" ce raid et fait porter "aux milices de Haftar l’entière responsabilité de cette attaque mais également celle de toutes les hostilités et les violations depuis la présence de ces milices dans la ville et dans le Sud de manière générale".

Les forces du général Haftar, qui contrôlent la ville de Morzouk, étaient injoignables dans l’immédiat.

Avec ses 50.000 habitants majoritairement de l’ethnie Toubou et son emblématique forteresse construite il y a plus de sept siècles, Morzouk est une oasis du sud-ouest de la Libye située à près de 900 kilomètres au sud de Tripoli.

En janvier dernier, l’Armée nationale libyenne (ANL) autoproclamée du maréchal Haftar avait mené dans le sud-ouest du pays une opération militaire visant, selon elle, à y éliminer les "groupes terroristes et criminels". Elle s’était alors emparée sans combats de la ville de Sebha et d’importants champs pétroliers.

En février les pro-Haftar sont entrées à Morzouk qui avec les villes de Sebha et d’Oubari, se trouvent dans une région marginalisée et marquée, depuis 2011, par des combats tribaux et ethniques sanglants entre les communautés Toubou, Touareg et des tribus arabes.

Une partie des habitants de Morzouk était hostile à l’opération de l’ANL, redoutant des actes de vengeance de leurs rivaux arabes ayant pour la plupart rallié l’ANL. Certains membres de la communauté Toubou avaient crié au "nettoyage ethnique".

Risques

Le raid sanglant dans le sud a eu lieu alors que des combats ont lieu entre forces du GNA et l’ANL, qui a lancé une offensive le 4 avril pour conquérir Tripoli. Après près de quatre mois, les pro-Haftar stagnent aux abords de la capitale, freinés par les pro-GNA.

Illustrant l’insécurité dans ce pays, un avion de ligne libyen qui s’apprêtait à atterrir à l’aéroport de Mitiga, le seul fonctionnel de Tripoli, a échappé de justesse dimanche soir à un bombardement de l’aéroport, selon une source aéroportuaire. Le trafic aérien a été suspendu pendant quelques heures.

L’ANL, qui a mené plusieurs fois des frappes contre Mitiga, accuse le GNA d’utiliser cet aéroport "à des fins militaires", d’où décollent, selon elle, des drones turcs qui visent ses forces.

La semaine dernière, l’émissaire de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé, a exhorté les belligérants à faire une trêve et s’est inquiété de l’escalade des combats.

Le président français Emmanuel Macron a discuté dimanche avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi de la Libye "avec pour objectif de soutenir le plan des Nations unies en vue d’un cessez-le-feu à brève échéance et d’une reprise du dialogue".

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