L’eurodéputé Brice Hortefeux: « le Parlement européen a fait une erreur » et « a manqué de sagesse » en votant la résolution contre le Maroc

Pour Brice Hortefeux, eurodéputé (groupe PPE), « le Parlement européen a fait une erreur » et « a manqué de sagesse » en votant la résolution contre le Maroc. L’ancien ministre français de l’Intérieur plaide pour que les relations entre le Maroc et l’Europe retrouvent très rapidement leur sérénité, car « le Maroc est un partenaire indispensable et fiable de l’Union européenne » qui « contribue à la stabilité de l’Europe ».

Vous avez voté contre la résolution sur le Maroc. Pourquoi un tel empressement de la part du Parlement européen ?

Brice Hortefeux : C’est une erreur de la part du Parlement européen d’avoir fait voter cette résolution. La sagesse aurait été de la retirer. Le Parlement européen a finalement été amené à se prononcer sur un différend strictement hispano-marocain qui aurait dû être réglé entre les autorités espagnoles et marocaines. Cette motion n’est donc que la conséquence directe de la crise bilatérale entre Rabat et Madrid. Le PE aurait dû soit y renoncer ou au moins la reporter dans un souci d’apaisement et en prenant bien soin d‘en modifier notamment le titre. Ce qui n’a malheureusement pas été accepté. Encore une fois, c’est une erreur, mais je demeure persuadé que la majorité des parlementaires européens souhaitent conserver et préserver les relations avec le Maroc.

Comment interpréter ce vote des eurodéputés dont le taux d’abstention a été élevé ?

J’ai bien évidemment voté contre cette résolution. Près de 300 eurodéputés ne se sont pas associés à ce vote. C’est tout de même important. Le Maroc a entrepris d’avancer sur la très difficile question des mineurs non accompagnés. Nous devions absolument tenir compte de ce geste et ne pas oublier aussi les liens historiques qui unissent le Maroc et l’Europe, la profondeur stratégique de nos relations et la qualité de notre coopération sécuritaire, notamment, dans les domaines de la lutte contre le terrorisme, les trafics de drogue et la maitrise de l’immigration clandestine. Pour toutes ces raisons, le Parlement européen n’aurait pas dû faire montre d’autant d’empressement.

Le Parlement européen a-t-il été pris en otage par les eurodéputés espagnols, instigateurs de la résolution ?

Il est vrai que cette résolution était à l’instigation du groupe Renew et plus particulièrement du parti centriste espagnol Ciudadanos. Le groupe Renew Europe, au sein duquel siègent aussi les élus de la République en Marche, aurait dû convaincre les auteurs espagnols de la résolution de la retirer ou au moins d’en différer la discussion et de prendre le temps de la réflexion nécessaire avant de la soumettre au vote. Cela ne s’est pas fait. Le Parlement européen a manqué de sagesse et de maturité.

Quelle est la valeur juridique de cette résolution ?

En réalité, les résolutions du Parlement européen sont plus symboliques qu’effectives. Il n’y a aucune conséquence concrète quant à l’adoption de la résolution. Et si près de 300 eurodéputés ont refusé de voter contre un pays aussi important pour l’Europe que le Maroc, soit en s’abstenant, soit en votant contre, c’est un signal positif.

Les relations Maroc-Europe risquent-elles d’être impactées ?

J’espère que les relations entre le Maroc et l’Europe retrouvent très rapidement leur sérénité. Le Maroc est un partenaire indispensable et fiable de l’Union européenne. Il contribue à la stabilité de l’Europe, notamment, par une gestion des flux migratoires irréguliers qui constitue un défi pour nous, par la lutte contre le terrorisme et le trafic de drogue. Je peux, à titre personnel, témoigner de la grande qualité de cette  coopération sécuritaire avec le Maroc et de l’efficacité des services marocains dans ces domaines pour avoir été ministre de l’Intérieur.

 

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