L’Etat apportera « les moyens financiers nécessaires aussi longtemps que la crise durera », pour éviter « un naufrage » de l’économie lié à la pandémie de Covid-19, a déclaré le ministre des Finances Bruno Le Maire au Journal du Dimanche.
« Je préfère que nous nous endettions aujourd’hui, en évitant un naufrage, plutôt que laisser détruire des pans entiers de notre économie », a-t-il déclaré dans un entretien au JDD.
Selon le ministre, « sur huit jours, 20 ?milliards d’euros de prêts » garantis par l’Etat ont été « demandés par plus de 100.000 ?entreprises ». Pour aider les entreprises à passer le choc du confinement, l’Etat a annoncé qu’il garantirait jusqu’à 300 milliards d’euros de prêts bancaires, soit l’équivalent de 15 % du produit intérieur brut (PIB) français.
En outre, 5 millions de salariés bénéficient du chômage partiel et « en trois jours, 450.000 ?petites entreprises ont sollicité le fonds de solidarité », a dit Bruno Le Maire, précisant que ces dispositifs « seront réabondés autant que nécessaire ».
Le fonds de solidarité mis en place par l’Etat prévoit 1.500 euros maximum d’indemnisation pour les petites entreprises ayant subi au moins 50 % de baisse de chiffre d’affaires par rapport à mars et avril 2019, plus une aide de 2.000 euros accordée au cas par cas pour celles menacées de faillite.
« Nous n’avons pas de difficultés à lever de l’argent sur les marchés financiers. Nos taux d’intérêt restent à des niveaux raisonnables », a indiqué le ministre, en souhaitant qu’après la crise « un plan de relance, aux niveaux national et européen » permette « de redémarrer la machine le plus vite possible ».
Quant aux grandes entreprises en difficultés, le ministre dit avoir « transmis au président et au Premier ministre une liste d’une vingtaine d’entreprises stratégiques fragilisées et des solutions pour les aider ?: garanties de prêts, montée au capital, recapitalisation, et, en dernier ressort, nationalisation ».
« Il ne pourra s’agir que de nationalisations temporaires », a-t-il poursuivi, alors que la question d’une nationalisation d’Air France, dont la quasi-totalité de la flotte est clouée au sol, est régulièrement évoquée.
Il a rappelé qu' »aucune des grandes entreprises qui font appel à l’État pour leur trésorerie ne devra verser de dividende » et invité les autres grandes entreprises « à diminuer d’au moins un tiers le versement des dividendes en 2020 ».
Interrogé sur des baisses de salaires de patrons et de cadres, Bruno Le Maire a souhaité que « les dirigeants fassent un effort » dans la mesure où « les salariés du privé en activité partielle ne touchent que 84 ? % de leur rémunération nette ».
Il a précisé avoir écrit en ce sens à toutes les entreprises dans lesquelles l’État a une participation et avoir reçu « des réponses positives des présidents d’Air France (Benjamin Smith, ndlr) et de Safran (Philippe Petitcolin, ndlr) ».
Parmi les filières durement touchées, il a cité « l’aéronautique ou le tourisme », estimant qu’elles vont « avoir besoin d’une attention particulière et d’un plan de soutien », dans le cadre d’une relance en « étroite coordination européenne ».
Sur le plan de la consommation, M. Le Maire a souligné la chute de « 50 ? % la semaine dernière par rapport à 2019 » des paiements par carte bancaire.