Les relations américano-russes plus mauvaises que jamais, selon Trump

Les relations entre Washington et Moscou sont plus mauvaises que jamais: Donald Trump en a fait jeudi le constat avec amertume mais en a rejeté la faute sur le Congrès américain, responsable à ses yeux de la nouvelle passe d’armes avec la Russie.

Les Russes avaient déjà riposté aux nouvelles sanctions adoptées à une majorité écrasante par les parlementaires américains, en annonçant une réduction drastique du personnel diplomatique américain sur leur territoire. Ils ont à nouveau réagi durement après la promulgation par le président américain, mercredi, de ce texte qui punit Moscou notamment pour son ingérence dans l’élection présidentielle aux Etats-Unis.

C’est "une déclaration de guerre économique totale" qui marque "la fin des espoirs russes pour une amélioration des relations", a affirmé mercredi soir le Premier ministre Dmitri Medvedev, se moquant au passage de la "faiblesse totale" de la Maison Blanche face au Congrès.

Et la Maison Blanche n’a pu que prendre acte de l’aggravation d’une situation déjà très tendue malgré l’arrivée au pouvoir en janvier d’une administration américaine jugée a priori favorable au Kremlin de Vladimir Poutine.

"Nos relations avec la Russie sont à un plus bas historique et très dangereux", a tweeté jeudi Donald Trump.

Jusqu’ici, le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson avait estimé que ces relations étaient "au plus bas depuis la fin de la Guerre froide". Mais il avait prévenu mardi qu’elles pouvaient "encore se détériorer".

‘Nouvelle Guerre froide’

Le président américain n’a pas évoqué les multiples dossiers de friction avec Moscou (Syrie, Ukraine, annexion de la Crimée…), ni les accusations d’ingérence russe dans l’élection présidentielle ou les soupçons de collusion entre son équipe de campagne et les autorités russes, au coeur d’enquêtes aux Etats-Unis.

Il a en revanche blâmé les parlementaires pour le gel américano-russe: "Vous pouvez dire merci au Congrès, ces mêmes gens qui s’avèrent incapables de nous donner une couverture santé", a-t-il lancé.

Un message, à usage de politique intérieure, qui s’inscrit dans le bras de fer qu’il a engagé, jusqu’ici sans succès, avec le Congrès, pourtant contrôlé par son propre camp républicain, pour revenir sur la réforme du système de santé de son prédécesseur démocrate Barack Obama.

Réponse cinglante, également sur Twitter, du sénateur républicain John McCain, ennemi déclaré de Moscou: "Notre relation avec la Russie est à un plus bas dangereux. Vous pouvez dire merci à Poutine pour les attaques contre notre démocratie, pour l’invasion de ses voisins et les menaces contre nos alliés".

Signe que la crise diplomatique va plus loin, le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg a estimé à son tour que les relations de l’Alliance atlantique avec la Russie n’avaient "jamais été aussi difficiles". Il a appelé à un "dialogue" pour éviter "une nouvelle Guerre froide".

Washington a toutefois estimé qu’une embellie restait possible, alors que Rex Tillerson doit rencontrer ce weekend aux Philippines son homologue russe Sergueï Lavrov, avec lequel il s’est entretenu au téléphone jeudi. "Il y a toujours de l’espoir pour une amélioration", "les Etats-Unis et la Russie doivent pouvoir être capables de travailler ensemble", a déclaré à la presse la porte-parole du département d’Etat américain Heather Nauert.

Un haut responsable du département d’Etat a pour sa part minimisé les échanges verbaux des derniers jours, réfutant toute "déclaration de guerre" économique.

L’exécutif américain n’avait pas caché ses réserves face à l’offensive du Congrès sur le front russe, alors qu’il affirme vouloir réchauffer les relations avec Moscou, surtout à un moment où il peine à contrer la menace nucléaire nord-coréenne.

Donald Trump avait critiqué mercredi la loi sur les sanctions, jugée "très imparfaite", fustigeant une disposition inédite qui limite sa marge de manoeuvre pour revenir sur d’anciennes mesures visant la Russie.

La presse russe s’est aussitôt emparée de cette clause pour le critiquer personnellement. "Il ne s’agit plus des sanctions, mais de savoir qui est le vrai maître de la maison à Washington", a raillé le quotidien populaire Komsomolskaïa pravda.

Les nouvelles sanctions frappent notamment le secteur énergétique russe, mais aussi l’Iran et la Corée du Nord.

Téhéran a estimé pour sa part que l’accord nucléaire de 2015 entre l’Iran et les grandes puissances avait été "violé" par ces sanctions et annoncé son intention de "réagir en conséquence de manière appropriée".

AFP

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