La 67e assemblée générale a viré au cauchemar pour le président iranien. Pourtant, il a fait des efforts pour ne pas se livrer à ses provocations habituelles. Lors de son discours, tout comme lors de la rencontre qui a précédé avec des journalistes américains triés sur le volet, il a appelé à plusieurs reprises à la réouverture des négociations sur le nucléaire entre Téhéran et les six grandes puissances (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, plus l’Allemagne).
Mais à peine arrivé à New York à la tête d’une délégation de 140 personnes, Mahmoud Ahmadinejad a fait l’objet d’un violent tir de barrage dans la presse conservatrice iranienne, qui lui a reproché son train de vie dispendieux, alors que l’économie et la monnaie iraniennes plongent sous l’effet des sanctions internationales.
Ahmadinejad ne peut plus se représenter et ne fait plus peur aux prétendants à la fonction présidentielle. D’autant plus que ses relations avec le Guide suprême, Ali Khamenei, se sont nettement refroidies depuis 2011.
La deuxième déconvenue est intervenue lors de son discours dans la grande enceinte de l’ONU, mercredi 26 septembre. C’est à la sortie que Mahmoud Ahmadinejad a appris, de la bouche des journalistes, l’arrestation de son fidèle chargé de communication, Ali Akbar Javanfekr, qui dirige par ailleurs l’agence de presse officielle Irna.
Souvent le plus virulent dans l’entourage du président et le plus exposé, il avait fait l’objet, en février, d’une condamnation en appel à six mois de prison pour " insulte au Guide suprême ". C’est un coup dur pour Mahmoud Ahmadinejad, qui entendait peser sur la présidentielle à venir.
Défection
Le lendemain, le porte-parole de sa délégation, Ramin Mehmanparast, était insulté et bousculé au pied de la " maison de verre " de l’ONU par une petite foule d’opposants iraniens appartenant probablement à l’Organisation des moudjahidine du peuple, que les Etats-Unis viennent de retirer de leur liste d’organisations terroristes.
Dernière avanie, la défection de son cameraman officiel, Hassan Golkanbhan, qui a profité de son séjour new-yorkais pour demander l’asile aux autorités américaines. Son avocat, Paul O’Dwyer, a refusé de donner tout détail sur le lieu où il se trouvait.
Le président iranien, lui, est attendu au pays où il doit donner une conférence de presse, mardi 2 octobre, sur la chute vertigineuse du rial, qui a atteint son cours le plus bas, à 35 000 contre un dollar, soit 80 % de moins qu’à la fin 2011.
Christophe Ayad