Les Etats-Unis renouent un dialogue stratégique avec l’Egypte
Les Etats-Unis et l’Egypte ont ouvert ce dimanche un « dialogue stratégique », une première depuis le refroidissement des relations entre les deux pays qui avait suivi l’éviction de l’ancien président Mohamed Morsi en 2013.
Les Etats-Unis et l’Egypte assoient leurs relations diplomatiques sur une "base plus solide" malgré les tensions et les points de préoccupation liés aux droits de l’homme, a déclaré dimanche au Caire le secrétaire d’Etat américain, John Kerry. Le chef de la diplomatie égyptienne, Sameh Choukri, a expliqué lors d’une conférence de presse conjointe avec John Kerry que son pays n’avait pas de point de désaccord majeur avec Washington mais qu’il existait "des différences de points de vue sur certaines questions, ce qui est naturel".
Discussions sur la sécurité à la frontière avec la Libye
Selon John Kerry, les discussions ont abordé la coopération accrue entre l’Egypte et les Etats-Unis sur la sécurité à la frontière avec la Libye. Les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) ont exploité le vide du pouvoir en Libye pour s’implanter dans ce pays, laissant craindre que les violences ne débordent vers l’Egypte voisine. Au début de l’année, des djihadistes de l’EI ont décapité en Libye 21 coptes égyptiens, et Le Caire a riposté en lançant des frappes aériennes contre les positions de l’EI dans l’Est libyen.
John Kerry a ajouté que son homologue égyptien et lui-même étaient convenus de l’importance d’organiser des élections législatives "libres, honnêtes et transparentes" d’ici à la fin de l’année en Egypte. Si les Américains se félicitent de voir que le président Abdel Fattah al Sissi, ancien chef des forces armées, a stabilisé le pays, ils n’en critiquent pas moins, sur un ton prudent, les atteintes aux droits de l’homme et la répression dont sont victimes les Frères musulmans, dont était issu l’ex-président Morsi.
Rafraîchissement des relations depuis le renversement de Morsi
Le Caire, où le secrétaire d’Etat américain John Kerry a entamé ce week-end une tournée au Moyen-Orient, reste donc l’un des alliés les plus solides de Washington dans la région, malgré les inquiétudes soulevées par une partie des parlementaires américains au sujet de la situation politique en Egypte. "Le lancement du dialogue stratégique aujourd’hui est une chance sérieuse pour les deux parties de passer en revue les différentes composantes de la relation égypto-américaine, sur les plans politique, militaire et économique", avait affirmé le chef de la diplomatie égyptienne en prélude à ces discussions. Le ministre égyptien a dit espérer que ce dialogue allait "approfondir" la coopération entre les deux pays.
Le renversement de Mohamed Morsi par l’armée, en 2013, a nui aux relations diplomatiques entre les gouvernements égyptien et américain mais celles-ci se sont progressivement améliorées depuis cette date. Le Caire estime que les Frères musulmans sont une menace à la sécurité nationale et rejette les accusations d’atteintes aux droits, mais les mesures de répression se sont étendues aux militants politiques, plus largement, et aux journalistes. Le Caire et Washington n’avaient plus ouvert de dialogue stratégique de cette envergure depuis le mois de décembre 2009.
Pas de journaliste en prison
Sameh Choukri a assuré dimanche qu’aucun journaliste n’était en prison en Egypte pour ses activités professionnelles. Toutefois, le verdict dans le nouveau procès en Egypte de trois journalistes d’Al Djazira, accusés d’avoir fourni leur aide à un groupe dit terroriste, a été une nouvelle fois été reporté dimanche, cette fois-ci au 29 août. Jeudi, la justice égyptienne avait une première fois ajourné le verdict, sans donner d’explication claire. Les trois journalistes avaient à l’origine été condamnés à des peines allant de sept à dix ans de réclusion pour propagation de mensonges en vue d’aider une organisation dite terroriste, en l’occurrence les Frères musulmans.
Deux d’entre eux, le Canadien d’origine égyptienne Mohamed Fahmy et l’Egyptien Baher Mohamed, ont été libérés sous caution en février après avoir passé plus d’un an derrière les barreaux. Un troisième journaliste de la chaîne panarabe, l’Australien Peter Greste, a été libéré et expulsé d’Egypte en février. Début janvier, la Cour de cassation égyptienne a ordonné qu’ils soient rejugés.