Ces élections législatives, censées doter la Tunisie d’institutions démocratiques stables, surviennent après une campagne électorale morose, marquée par la désillusion de nombreux Tunisiens près de quatre ans après la révolution qui mit fin à la dictature de Zine El Abidine Ben Ali, en janvier 2011.
La Tunisie comptant une large diaspora, six circonscriptions regroupant près de 360.000 électeurs sont situées à l’étranger, dont deux en France, avec des bureaux de vote répartis sur le territoire.
L’ouverture du scrutin dans les bureaux de vote installés au consulat de Tunisie à Paris, rue de Lübeck (17e arrondissement) a été marquée par une certaine confusion, certains électeurs apprenant sur place qu’ils étaient inscrits dans d’autres bureaux à Paris ou en banlieue et se plaignant du manque d’informations.
"Je veux comprendre pourquoi, si ce n’est pour décourager les gens à voter", a déclaré à l’AFP une femme qui n’a pas voulu donner son nom.
Un membre de le commission régionale relevant de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), Amin Zemni, a indiqué que le nombre d’inscrits, plus important que lors des premières élections en 2011, avait nécessité l’ouverture de nouveaux bureaux, et que les informations pouvaient être trouvées sur internet.
Sophie Kamech, qui elle a pu voter, s’est dit "choquée par le manque d’isoloirs". Deux boites en carton munies de rebords servaient de bureau pour assurer un peu d’intimité aux électeurs, qui devaient cocher sur le bulletin de vote le nom de la liste de leur choix. Elle a aussi regretté "l’absence d’un observateur neutre, d’un autre pays".
"J’ai éliminé, j’ai voté contre Ennahda", le parti islamiste présenté comme le favori du scrutin, a dit cette "Tunisienne française", cependant "persuadée qu’il faudra faire avec Ennahda".
Pour Adel, les Tunisiens veulent "la même chose que dans tous les pays de l’Occident : la sécurité, l’éducation pour apprendre aux jeunes ce qu’est la démocratie, et que l’économie se redresse". "On est passé par trois ans de transition, on n’a rien vu, le chômage a augmenté et l’économie est au bord du gouffre", a-t-il ajouté.
La question de la sécurité est citée par de nombreux électeurs, inquiets du chaos qui règne dans la Libye voisine et de l’essor de groupes jihadistes armés à la frontière avec l’Algérie.
Six personnes ont été tuées vendredi dans l’assaut par la police d’une maison près de Tunis où un groupe armé était retranché depuis la veille.