Lech Walesa: en cas du Brexit, l’UE devrait se reconstituer sous la houlette de Berlin

Lech Walesa, le chef historique du syndicat polonais Solidarité, estime qu’après une sortie « possible » du Royaume-Uni de l’Union européenne, objet du référendum britannique le 23 juin, l’UE devrait aussitôt se reconstituer sous la houlette de l’Allemagne, pays le plus puissant du continent.

AFP

La question qui hante depuis des semaines les esprits en Europe "devrait être plutôt posée à un astrologue ou à Dieu", fait remarquer le prix Nobel de la paix de 1983 lors d’un récent entretien à l’AFP à Gdansk, berceau du mouvement Solidarité.

Mais laissons les Britanniques "se défouler un peu", ajoute-t-il.

"Très bien! D’accord, vous ne voulez pas être dedans, alors vous ne pourrez plus transiter par l’UE. Vous allez devoir de nouveau présenter vos passeports comme avant. On ne va pas vous laisser passer, d’ailleurs à quoi bon?! pour que vous semiez du désordre ici? On a nos lois et l’UE est ce qu’elle est. Soit vous êtes d’accord avec ça, soit non (…) Sinon, la voie est libre!", s’exclame Walesa, en indiquant la porte d’un geste de sa main.

Mais si la sortie l’emportait sur le maintien, "une nouvelle UE devrait être créée, bien mieux réfléchie, qui ne permettrait plus ce genre d’excès", a déclaré l’ancien président polonais qui a mené la transition pacifique de la Pologne communiste à la démocratie en 1989.

"Il appartient à l’Allemagne en particulier de calculer ce qui serait plus avantageux de faire pour le développement (NDLR du continent): créer à partir de zéro une toute nouvelle organisation mieux réfléchie (…) ou bien, réparer l’ancienne Union".

"L’Allemagne devrait avoir un scénario tout prêt à mettre en place juste un quart d’heure après la dissolution de l’UE", a-t-il estimé.

"C’est aux Allemands de décider car ils sont des leaders, ce sont eux aussi qui doivent décider avec qui ils veulent bâtir" la nouvelle UE, a déclaré Walesa, estimant que Berlin devrait être épaulée par la France et l’Italie.

"L’Europe, cette construction européenne, n’a plus de fondements communs, regrette Walesa. Nous avons rejeté le christianisme et des idéologies comme le communisme. On n’a plus rien aujourd’hui. Que peut-on exiger des sociétés si chacune d’elles a d’autres fondements?"

"Le plus difficile est de changer les mentalités. Nos mentalités restent ancrées dans les anciennes divisions en Etats. Le concept selon lequel l’Etat est le plus important est dépassé: l’Allemagne, la Pologne, non, c’est fini. L’Europe c’est la plus grande valeur", déclare Walesa, grand partisan d’une Europe fédérale.

Quant à la question de savoir s’il faut refaire une nouvelle UE ou bien réparer celle d’aujourd’hui, l’ancien électricien à moustache célèbre répond que mieux vaudrait la réparer.

"Je suis plutôt pour qu’on répare ce qu’on a déjà. A quoi bon tout refaire? Mais il faut le faire de manière plus efficace, plus transparente, il faut mieux l’expliquer aux gens".

"Et on n’a pas de temps à perdre. Il faut se mettre au travail. L’Allemagne, l’Italie et la France, ces trois pays doivent enfin prendre les rênes de l’Europe et agir, expliquer aux gens ce qui se passe, sinon c’est la rue qui fait entendre sa voix, comme maintenant".

"Quant à la Pologne, soit on va rejoindre cette Union tout de suite, ou bien on restera à l’écart et dans 50 ans, on va la rejoindre de toute manière", estime Walesa.

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