Le sommet de l’Asean débute avec un plaidoyer sur l’ouverture du marché régional

Les dirigeants de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean) ont plaidé samedi à Bangkok pour l’ouverture du marché régional, au premier jour de leur sommet annuel où un gigantesque traité de libre-échange Asie-Pacifique, promu par Pékin, est au centre des discussions.

La Chine, en pleine guerre commerciale avec Washington, tente de renforcer son influence dans la région et est en première ligne pour défendre cet accord, baptisé Partenariat économique intégral régional (RCEP selon son sigle anglais).

S’il était entériné, il créerait le plus vaste espace de libre-échange au monde, réunissant près de la moitié de la population mondiale et plus de 30% du Produit intérieur brut de la planète.

L’Asean et ses potentiels partenaires s’étaient donné jusqu’à fin 2019 pour trouver un compromis. Mais, selon le secrétaire au Commerce et à l’Industrie des Philippines, Ramon Lopez, ils ont décidé à Bangkok de repousser à 2020 une éventuelle signature.

Il faut "donner la priorité à la coopération régionale", avec pour objectif "une grande connectivité" entre nos pays, a tout de même lancé Prayut Chan-O-Cha, le Premier ministre thaïlandais.

"Nous devons utiliser pleinement notre force et notre force réside dans notre marché", a renchéri son homologue malaisien Mahathir Mohamad.

Ce sommet réunit de samedi à lundi dans la capitale thaïlandaise les 10 pays d’Asie du Sud-Est (Indonésie, Thaïlande, Singapour, Malaisie, Philippines, Vietnam, Birmanie, Cambodge, Laos et Brunei).

Le président sud-coréen Moon Jae-In, les Premiers ministres chinois Li Keqiang, russe Dmitri Medvedev, et japonais Shinzo Abe, ont également fait le déplacement.

Donald Trump est le grand absent de la rencontre, se contentant de se faire représenter par son secrétaire au Commerce Wilbur Ross et son conseiller à la sécurité nationale Robert O’Brien.

En laissant le terrain libre à Pékin dans la région, Washington "rate une occasion" de rester dans le jeu, estime Thitinan Pongsudhirak, de l’Université Chulalongkorn de Bangkok.

Profitant du vide laissé, la Chine va tenter pendant ses trois jours de faire avancer le RCEP. Lancé en 2012, mais peinant à se matérialiser, le projet réunit les 10 membres de l’Asean ainsi que la Chine, l’Inde, le Japon, la Corée du sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

Il exclut en revanche les États-Unis et sonnerait, s’il était entériné, comme un désaveu envers la politique de Donald Trump et sa vision du commerce international.

Pour Pékin, la signature du RCEP est cruciale. Engagée dans un conflit commercial féroce avec Washington qui lui a déjà fait perdre des centaines de milliards de dollars en exportations, l’économie chinoise a besoin d’un nouveau souffle. Mais les obstacles restent nombreux.

– Réticences de l’Inde –

L’Inde se montre encore réticente, inquiète de l’arrivée massive sur son sol de produits bon marché fabriqués en Chine. Elle critique aussi la vision unilatérale de Pékin, faisant douter d’une réelle avancée des négociations lors du sommet de Bangkok.

"Nous voulons que (l’Inde) soit présente. C’est une grande économie. Nous avons commencé ensemble (les négociations, NDLR), et nous devons donc les finir ensemble", a estimé samedi Ramon Lopez.

L’Australie et la Nouvelle-Zélande exigent pour leur part des garanties en matière de protection du travail et de l’environnement.

Deux autres sujets brûlants devraient être discutés au sommet de l’Asean : les tensions en mer de Chine méridionale et le rapatriement en Birmanie de centaines de milliers de musulmans rohingyas qui ont fui en 2017 au Bangladesh et ont peur d’être persécutés s’ils rentrent chez eux.

Aung San Suu Kyi, chef de facto du gouvernement birman, très critiquée pour son silence dans la crise des Rohingyas, s’est exprimée samedi sans aborder la question.

L’environnement s’est aussi invité au sommet.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appellé, en marge du sommet, les pays d’Asie à abandonner leur "dépendance" au charbon, un des grands responsables du changement climatique dans une région où des centaines de millions de personnes sont menacées par la montée des eaux.

Cet avertissement fait suite à une nouvelle étude publiée cette semaine montrant que plusieurs mégalopoles asiatiques, dont Bangkok, Ho Chi Minh Ville et Bombay, pourraient être inondées d’ici à 2050 si rien n’est fait.

Des militants de Greenpeace ont de leur côté déployé une banderole dans la capitale thaïlandaise, appelant les pays de la région, qui comptent parmi les plus gros pollueurs de la planète, à lutter contre la prolifération des déchets plastiques.

Enfin, la FIFA et l’Asean ont annoncé la signature samedi d’un protocole d’accord pour promouvoir une meilleure coopération dans cette région ou le football suscite un engouement croissant.

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