Le président algérien Abdelmadjid Tebboune est apparu mardi soir à la télévision publique de retour dans son pays après un séjour de deux mois en Allemagne où il a été soigné du Covid-19.
Il s’est exprimé brièvement pour souhaiter « une heureuse année à tous les Algériens », « bien meilleure que 2020 ».
Sa dernière apparition publique remontait au 13 décembre lorsqu’il avait annoncé via un clip vidéo publié sur son compte Twitter son retour dans les « plus brefs délais ».
Âgé de 75 ans et grand fumeur, M. Tebboune avait quitté l’hôpital militaire de Aïn Naâdja à Alger pour un établissement spécialisé en Allemagne le 28 octobre, après avoir contracté le Covid-19.
Son éloignement, le peu d’informations qui ont filtré sur sa santé et l’opacité ayant entouré son absence prolongée — jusqu’à son retour non annoncé mardi — n’ont cessé d’alimenter rumeurs et désinformation.
La maladie et le départ à l’étranger de M. Tebboune ont replongé l’Algérie dans les affres humiliantes de la fin du règne de M. Bouteflika, quand ce dernier, frappé par un AVC en 2013, avait continué, impotent et aphasique, à assumer la charge présidentielle avant d’être chassé du pouvoir en avril 2019 par le soulèvement populaire du Hirak.
L’incertitude politique a même poussé certaines voix à réclamer l’application de l’article 102 de la Constitution, relatif à la vacance du pouvoir, afin d’éviter une crise institutionnelle ou un scénario similaire à celui de son prédécesseur, Abdelaziz Bouteflika.
Arrivé au pouvoir le 12 décembre 2019 avec la volonté d’incarner « la nouvelle Algérie », M. Tebboune se trouve à la tête d’un pays dans l’impasse avec des institutions bloquées et une économie à bout de souffle.
L’Algérie voit fondre ses réserves de change, ses liquidités s’assécher et son marché pétrolier est toujours déprimé par la crise sanitaire et les baisses budgétaires.
Élu lors d’un scrutin largement boudé par la population et de ce fait souffrant d’un manque de légitimité, le président Tebboune avait d’abord tendu la main au « Hirak béni », le mouvement antirégime suspendu depuis la mi-mars en raison de l’épidémie de Covid-19.
Mais un an après la présidentielle, les militants du Hirak, opposants politiques, journalistes et des blogueurs critiques à l’égard du régime restent la cible de harcèlement et de poursuites judiciaires, quand ils ne sont pas emprisonnés.
Parmi les accusations récurrentes auxquelles ils font face, celle d’offense au président de la République, sur la base de leurs publications sur les réseaux sociaux.
Selon le Comité national de libération des détenus (CNLD), qui recense actuellement plus de 90 détenus d’opinion en Algérie, les interpellations et arrestations sont quotidiennes malgré l’arrêt des manifestations hebdomadaires du Hirak.