Sur le plan diplomatique d’abord, la dernière résolution de l’ONU a fini par inscrire sur le marbre ce qui était déjà dans les esprits. A savoir que le solution politique proposée par le Maroc dans tous les forums internationaux basée, sur une autonomie avancée sous souveraineté marocaine, est en train de séduire et de convaincre.
Dans cette résolution, qui trace les grands contours de la sortie de crise admise et défendue par l’ONU, temple de la légalité internationale, des mots à fortes connotations politiques comme « référendum » ou « indépendance » ont littéralement disparu. Il n’est plus question que de voies réalistes, politiques, pragmatiques et de compromis. Et c’est le Maroc qui porte ces valeurs et incarne cette vision quand les séparatistes les plus radicaux, soutenus par l’Algérie, se sont longtemps enfermés dans une logique autiste et de rupture.
Second point de grande satisfaction pour la diplomatie marocaine : l’ONU met l’Algérie devant ses responsabilités historiques. Longtemps marionnettiste de l’ombre, généreux financier de cette persistante subversion anti-marocaine, vendeur à l’internationale de cette chimérique indépendance sahraouie, le régime algérien agit dans les couloirs et se débine publiquement, aspirant à créer un tête-à-tête entre le Maroc et le Polisario pour conserver ce rôle si confortable de grand ordonnateur de la crise et de tireur de ficelles. L’ONU vient de priver cette Algérie là de cet atout. L’Algérie est bien partie prenante de cette crise et elle doit agir en conséquence. Les masques tombent.
Alors justement cette Algérie, dont le rôle dans la crise au Sahara est mis sous la lumière internationale, est en train de vivre une séquence politique qui ne manquera pas d’impacter sa diplomatie. Les Marocains les plus pessimistes pourront toujours arguer, en espérant que c’est le contraire qui se produira, que l’institution militaire algérienne ne lâchera jamais son soutien au Polisario et que la stratégie d’affaiblir le Maroc et d’obérer ses ressources par ce biais-là fait partie des fondamentaux de l’armée algérienne. Il n’empêche que ce Hirak et ses conséquences sur la nature du pouvoir qui va prendre la succession de l’ère Bouteflika ne pourra pas rester indifférent, comme si de rien n’était, d’abord aux évolutions internationales du dossier du Sahara, ensuite aux aspirations algériennes d’une gouvernance intelligente, efficace et qui gère au mieux les richesses du pays.
Aujourd’hui, le grand slogan et la grande préoccupation qui occupent la rue algérienne et à laquelle le patron de l’armée tente de répondre est la lutte contre les corrompus et ceux qui ont détourné la manne pétrolière et pillé les richesses nationales. De manière certes très sélective, Ahmed Gaid Salah offre à cette révolte des personnalités icônes de cette mauvaise gouvernance mais la dynamique est lancée et difficile à arrêter. Or le généreux soutien algérien au Polisario, source d’une véritable hémorragie de l’économie algérienne déjà sous pression, ne peut passer inaperçu et les investissements algériens dans ce mouvement séparatiste ne peuvent plus tranquillement continuer sans qu’ils soient ouvertement interpellés par les nouvelles mentalités qui aspirent à rationaliser la relation du citoyen algérien avec la future autorité politique.
Un des éléments cruciaux supplémentaires qui milite pour ce possible tournant algérien sur le Sahara est que l’affaire du Polisario n’est pas populaire en Algérie. Elle est juste une affaire de service de sécurité qui l’utilisent dans leur éternelle compétition avec le leadership marocain. Il faut rajouter à cette lecture le fait que la décision de maintenir les frontières entre le Maroc et l’Algérie fermées malgré la main tendue par les autorités marocaines provoque des frustrations populaires algériennes difficiles à contenir sous le boisseau avec un Hirak aussi éruptif et aussi exigeant.