Le Pen, le FN et Philippot face à un avenir incertain

Au lendemain du départ de Florian Philippot, les questions s’accumulent sur l’avenir du Front national de Marine Le Pen, qui tente de reprendre la main au sein du parti d’extrême droite, et de son ex-lieutenant désormais en rupture.

"Le +Front+ s’en remettra": depuis jeudi matin, Marine Le Pen et ses proches martèlent que l’envol de la "Philippotie" n’aura pas d’incidence, citant les précédentes cassures ou scissions sans guère de lendemain qui ont affecté l’histoire du parti d’extrême droite.

La ligne du parti, a par ailleurs affirmé Mme Le Pen vendredi matin sur RTL, ne bougera pas non plus, car la patronne du parti entend "continuer à porter" son chemin de "dédiabolisation", même si elle en a perdu le principal porte-voix, M. Philippot.

Au moment où certains frontistes veulent saisir l’occasion pour que leur parti se focalise sur l’immigration ou l’islamisme, les "marinistes" sont montés au créneau: "Il n’y a qu’une ligne politique au FN, c’est celle de Marine Le Pen" et "pas de place pour les courants", a mis en garde le nouveau chef du pôle communication, le sénateur David Rachline.

Malgré la "refondation" engagée dans laquelle, selon Marine Le Pen elle-même, "tous les aspects de la vie de notre mouvement, l’organisation, les idées, la stratégie, les alliances" seront en débat, la ligne du FN "ne change pas", selon l’autre sénateur, Stéphane Ravier. "La ligne sociale (…) existait avant lui et (…) existera après lui !".

De nouvelles nominations de responsables départementaux ont aussi été décidées. "Quel que soit celui qui partira, l’appareil est verrouillé" par des "marinistes", triomphe un dirigeant FN.

Pour Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l’Ifop, le départ de M. Philippot n’est tout de même "pas une bonne nouvelle pour le FN". Un "tremblement de terre", renchérit un interlocuteur de Marine Le Pen.

Cul-de-sac électoral

Plus qu’une hémorragie de militants, le parti risque, selon M. Fourquet, un "vrai manque à gagner sur le plan intellectuel et programmatique" car si l’énarque est "monté si vite et si haut, c’est parce qu’il y avait un vide en la matière".

Avec Florian Philippot, chef d’orchestre du "marinisme" pendant des années, il y avait eu un "coup de foudre intellectuel", a assumé à nouveau la députée du Pas-de-Calais, rappelant qu’avec M. Philippot, "nous pensons la même chose, nous défendons la même chose, nous avons la même sensibilité".

Ce qui explique que pour elle, son ancien bras gauche "n’a pas d’espace politique" hors du FN, d’autant que, a-t-elle confié en petit comité, "le calendrier est mauvais pour lui. Le malheur est qu’il y a pas d’élection" avant les européennes de 2019.

La patronne du FN ne s’attend en outre pas à le voir réunir plus d’une "vingtaine d’élus" autour de l’eurodéputé.

Sur RTL vendredi matin, Florian Philippot a assuré ne pas compter "traverser le désert", évoquant des "milliers de témoignages de soutien, des compétences qui nous rejoignent", "jeunes" ou élus. Dans la matinée, ses troupes ont annoncé la création d’un groupe d’élus en région Grand Est.

Sur le fond, M. Philippot veut "faire quelque chose de beau" avec son association "Les Patriotes": elle ne sera "pas simplement un syndicat anti-immigration", comme le deviendrait d’après lui un FN en pleine "mégrétisation".

L’un de ses lieutenants, le comédien Franck de Lapersonne, a lui carrément prédit que le FN allait "mourir", "une bonne nouvelle pour la République".

Pour Jérôme Fourquet, toutefois, la "règle d’airain intangible" veut que "tous ceux qui quittent le FN ne parviennent pas à rebondir derrière".

Autonome, Florian Philippot a "vocation à finir dans un cul de sac électoral". S’il se rapproche de Nicolas Dupont-Aignan, "il ne sera plus dans les premiers rôles", estime le politologue.

Jeudi, le patron de Debout la France, qui souhaite une "recomposition politique" de la droite, a rencontré celui des "Patriotes". Mais le premier, qui avait déjà déjeuné mercredi avec Marine Le Pen avec qui il s’était allié lors du second tour de la présidentielle, ne veut pas "mettre de l’huile sur le feu" et "laisser le temps au temps".

afp

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