Le CFCM recadre sèchement le recteur de la mosquée de Paris
Depuis sa sortie tonitruante du Conseil Français du culte Musulman (CFCM), Chems-eddine Hafiz, recteur de la mosquée de Paris, n’a eu de cesse de dénigrer cette instance représentative de l’islam en France au sein de laquelle il a « activement » oeuvré et qu’il rêvait de présider.
Le recteur Hafiz qui a pour ambition affichée d’être le seul et unique interlocuteur des pouvoirs publics français sur le dossier de l’islam n’en rate pas une pour s’attaquer dans des termes peu amènes au CFCM et tout particulièrement à son président, Mohammed Moussaoui.
Entre insultes à peine voilées et postures exagérées, le recteur Chems-eddine Hafiz sème, par ses multiples sorties dans la presse et les réseaux sociaux, la discorde au sein de la communauté musulmane en France et alimente les tensions autour du CFCM dans le but de le dégommer au profit de la mosquée de Paris.
La dernière polémique sur une supposée dérogation au couvre-feu pour les mosquées à l’occasion de la « Nuit du destin » a atteint un summum de mauvaise foi.
En tant qu’avocat, le recteur Hafiz savait pertinemment que cette requête, déposée en référé, sera rejetée eu égard à la situation épidémique du pays. Mais qu’importe, l’effet d’annonce vaut bien quelques arrangements avec la vérité.
Dans une lettre ouverte, Chems-eddine Hafiz va encore plus loin et écrit: « alors que la Grande Mosquée de Paris agissait pour demander un aménagement du couvre-feu qui auraient permis de donner un contenu à « La Nuit du Destin » dans les mosquées, il était remarquable de voir que le ministère de l’Intérieur trouvait des arguments dans les communiqués de ce qui reste du CFCM. Ce n’est pas avec des institutions qui remplacent la réflexion par la courbette, et l’expression des convictions par la flagornerie que nous progresserons ».
Ce à quoi le président du CFCM, Mohammed Moussaoui, notoirement connu pour sa courtoisie et ses propos mesurés, a tenu à répondre dans une longue mise au point.
« Dans sa lettre ouverte en date du 7 mai 2021, écrit M Moussaoui, le recteur de la Mosquée de Paris a laissé entendre, dans des termes qui ne sont pas dignes de l’institution qu’il représente, que les communiqués du CFCM auraient servi au ministère de l’intérieur d’arguments pour refuser l’aménagement du couvre-feu, pour la nuit du 8 au 9 mai, demandé par la mosquée de Paris. En d’autres termes, le Conseil d’État, la plus haute juridiction de notre pays, aurait été influencée par des communiquées du CFCM dans la décision qu’il a rendue » .
« Attribuer au CFCM un tel pouvoir, c’est méconnaitre le principe d’indépendance de la justice et le sérieux avec lequel le Conseil d’État traite les affaires qui lui sont soumises », déplorer le président du CFCM.
Et de souligner les nombreuses contradictions du recteur Hafiz: « il y a à peine quelques jours, le recteur de la mosquée de Paris qualifiait de « simples graffitis » les inscriptions racistes et islamophobes découvertes sur les murs du centre Avicenne de Rennes. Or, aujourd’hui, il affirme que « les attaques contre notre culte ne vont pas cesser » ».
« Cette affirmation pourrait laisser entendre que le refus d’aménager le couvre-feu est une attaque contre le culte musulman. Et que cette attaque serait pire que les propos et menaces islamophobes dont sont victimes les lieux de culte », s’étonne-t-il.
Pour M. Moussaoui, « les musulmans de France ont fait preuve d’une attitude exemplaire dans le respect des consignes sanitaires par devoir et dans le seul but de préserver la situation sanitaire de notre pays. Il ne faut pas anéantir leurs efforts par des initiatives hasardeuses et non justifiées ».
« Il n’est ni juste ni prudent de tenir de tels propos qui ne feront qu’exacerber un sentiment de victimisation aux conséquences néfastes (…) », estime le président du CFCM, indiquant que dans les pays du Maghreb, géographiquement proches de la France et dont la situation sanitaire n’est pas davantage préoccupante qu’en France, les mosquées sont fermées toutes les nuits de Ramadan y compris « la Nuit du destin » et que la prière de l’Aïd n’y sera pas non plus célébrée.
« Nous ne le dirons jamais assez : la préservation de la vie doit être notre boussole et rien, absolument rien, ne saurait justifier une prise de risque préjudiciable pour la santé de nos concitoyens », a rappelé M. Moussaoui.