« Les pays qui envisagent une intervention militaire en Libye doivent prendre en considération les intérêts des pays voisins dont en premier lieu la Tunisie et se concerter avec nous », a déclaré jeudi le président de la République Béji Caid Essebsi lors d’une cérémonie de présentation des vœux du nouvel an au corps diplomatique accrédité en Tunisie.
« Nous ne voyons pas d’autre horizon pour le règlement de la crise libyenne que la mise en œuvre de l’accord politique inter-libyen et la formation d’un gouvernement d’union nationale », a dit en substance Caid Essebsi pour réaffirmer la position de la Tunisie, officiellement opposée à toute intervention étrangère chez son voisin.
Des médias internationaux, notamment britanniques et américains, ont fait écho récemment de préparatifs dans les capitales occidentales à des frappes contre des cibles de l’organisation terroriste Daech en Libye.
Le président américain Barack Obama suit de près la situation en Libye et n’hésitera pas à agir si nécessaire pour faire face aux combattants de Daech, a fait savoir mercredi la Maison Blanche.
Un haut responsable des renseignements libyens a indiqué vendredi à la BBC que des dirigeants de Daech se sont récemment déplacés vers la Libye depuis l’Irak et la Syrie où ils sont la cible de frappes aériennes de la Coalition internationale conduite par les Etats Unis.
La majorité des combattants de Daech à Syrte, fief de l’organisation en Libye, sont des étrangers, autour de 70%, a déclaré ce haut responsable à la télévision britannique. « La plupart d’entre eux sont des Tunisiens, suivis par les Egyptiens, les Soudanais et quelques Algériens » a-t-il ajouté.
Evoquant le dossier libyen en recevant jeudi Martin Kobler, chef de la Mission des Nations Unies pour la Libye (UNSMIL), le ministre des Affaires étrangères Khemaies Jhinaoui a affirmé pour sa part la nécessité d’accélérer le processus d’instauration d’un gouvernement d’entente nationale en Libye avec pour capitale Tripoli. « La Tunisie souhaite que le parlement de Tobrouk vote le nouveau gouvernement libyen de Fayez el-Sarraj pour qu’il accède au pouvoir à Tripoli» a-t-il dit.
Le gouvernement de Sarraj, annoncé mardi 19 janvier à Tunis, en conclusion de plusieurs mois de négociations difficiles menées sous l’égide des Nations Unies, n’a pas réussi à avoir l’approbation du parlement libyen basé à Tobrouk et reconnu par la communauté internationale.
Début février, le chef de la diplomatie tunisienne avait évoqué, en marge de sa participation au sommet de l’Union africaine qui s’est tenu à Addis-Abeba en Ethiopie, le dossier libyen avec le Secrétaire Général des Nations Unies Ban Ki-moon et la secrétaire d’Etat adjointe américaine chargée des Affaires africaines.
Ce dossier a également été abordé lors de l’entrevue, la semaine dernière à Tunis, entre le ministre de la Défense nationale Farhat Horchani et le président du Comité militaire de l’organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), le général Petr Pavel.
Le poste-frontalier de Ras Jédir enregistre depuis deux jours l’arrivée de centaines de libyens.
Les autorités tunisiennes avaient souligné l’incidence du conflit libyen sur la sécurité de la Tunisie, imputant la responsabilité des attentats terroristes sur son sol à des individus ayant passé par les camps d’entraînement en Libye.
Selon des estimations, le conflit libyen aurait coûté quelque 5.7 milliards de dollars à la Tunisie.