la Suisse inaugure le plus long tunnel au monde

La Suisse a inauguré mercredi en grande pompe le tunnel ferroviaire du Saint-Gothard, le plus long au monde (57 km), dont les dirigeants européens veulent faire un symbole de la relance d’une croissance économique « verte ».

L’arrivée du train inaugural "Gottardo 2016" en gare a été saluée par un feu d’artifice, puis les dirigeants européens et les personnalités invitées sont montés à bord pour une traversée d’une trentaine de minutes, de l’entrée nord à Erstfeld, jusqu’à Bodio, près de la ville de Pollégio, en Suisse italophone.

Cet ouvrage colossal, qui a nécessité 17 ans de travaux et entrera officiellement en service le 11 décembre, constitue la pierre angulaire d’une nouvelle ligne ferroviaire à travers les Alpes (Neat), qui doit permettre de fluidifier les transports de marchandises sur un axe Nord-Sud en Europe.

A terme, ce corridor Rhin-Alpes doit relier en ligne directe la mer du Nord et la Méditerranée, du port de Rotterdam à celui de Gênes. Selon les chemins de fer fédéraux suisses, le volume de fret devrait s’accroître de 20% d’ici à 2020 sur cet axe.

Le tunnel pourra être emprunté chaque jour par 260 trains de marchandises, à une vitesse de 100 km/h, et par 65 trains de voyageurs, pouvant rouler jusqu’à 200 km/h.

Il devrait également permettre de ramener la durée du trajet entre Zurich et Lugano à 2 heures contre 2 heures 41 aujourd’hui et de porter le nombre de voyageurs de 9.000 par jour à présent à 15.000 en 2020.

Signe de l’ampleur de l’oeuvre, il a fallu évacuer 28,2 millions de tonnes de gravats, représentant six fois le volume de la pyramide de Khéops.

Parmi les défis techniques, il a fallu résoudre le problème de la température, qui pouvait grimper jusqu’à 45 degrés Celsius sur le chantier, imposant d’installer une puissante ventilation.

Au total, ce sont 152 km de "tubes" qui ont été creusés à une profondeur record (2.300 m sous le massif montagneux) avec deux galeries principales reliées par des galeries transversales.

Les festivités ont débuté dans la matinée par une bénédiction oecuménique en présence d’un abbé, d’un pasteur, d’un rabbin et d’un imam. La cérémonie a été placée sous haute sécurité avec des barrages de police, la mobilisation de près de 2.000 militaires et une surveillance étroite de l’espace aérien.

"C’est une grande aventure européenne", a déclaré à la télévision suisse RTS le président français, François Hollande, à bord du train.

"C’est une impression merveilleuse surtout si l’on pense qu’il y a plus de 2.000 m au-dessus de notre tête", a commenté la chancelière allemande Angela Merkel à la RTS, à bord du train. "C’est une idée merveilleuse qui permet de relier le nord et le sud."

M. Renzi a quant à lui souligné que ce tunnel est "une voie qui sera utile non seulement à la Suisse, mais à tout le continent"

Le président de la Confédération helvétique Johan Schneider-Amman a affirmé qu’avec cet ouvrage, "nous rassemblons les peuples et les économies".

Même si l’Union européenne, dont la Confédération helvétique n’est pas membre, n’a financé que près de 15% de l’ouvrage d’un coût total de 12,2 milliards de francs suisses (10,9 milliards d’euros), les dirigeants européens entendent saluer, outre la prouesse technique, une Europe de l’investissement "vert".

Le nouveau tunnel est appelé "de base" pour le différencier du "tunnel de faîte". Construit entre 1872 et 1881 et d’une longueur d’une quinzaine de km, ce dernier avait été creusé en altitude dans le massif du Saint-Gothard.

Le record de longueur du nouveau tunnel pourrait cependant être battu à l’avenir par un projet encore plus ambitieux que nourrit la Chine. Elle prévoit de percer un tunnel de 123 km sous la mer de Bohai. (AFP)

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