La mosquée de Paris annonce un énième putsch contre le CFCM

Comment annoncer avec fracas un putsch contre le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) dans le but  de le remplacer par une nouvelle structure, tout en revendiquant la conservation de droits exclusifs au sein de l’instance vilipendée ?

La réponse se trouve dans les communiqués des 17 et 21 mars du recteur de la mosquée de Paris (GMP), Chems-eddine Hafiz, et de trois fédérations qui lui sont inféodées, le Rassemblement des Musulmans de France (RMF), Musulmans de France (ex-UOIF) et la Fédération française des associations islamiques d’Afrique, des Comores et des Antilles (FFAIACA).

A la suite du retrait des quatre fédérations du bureau exécutif du CFCM, et non de l’instance, sous prétexte d’une réunion du bureau exécutif décidée « unilatéralement » pour nommer l’aumonier pénitencier, le communique de ce dimanche fait part de la mise en place d’une Coordination entre les quatre fédérations pour créer une nouvelle structure représentative du culte musulman en France.

Pour le président du CFCM, Mohammed Moussaoui, cette annonce traduit une volonté manifeste de paralyser l’action de l’instance à travers les membres cooptés, non élus, des quatre fédérations.

Ce système de cooptation est au coeur même du dysfonctionnement du CFCM. Des fédérations ayant obtenu entre 0 à 6 élus, lors des élections de janvier 2020, s’octroient largement des sièges via des membres arbitrairement désignés.

Sur les 44 membres élus du CFCM, les quatre fédérations ne représentent que 12 élus (GMP/6, RMF/5, MF/ 1, FFAIACA/0), alors que l’Union des mosquées de France a obtenu à elle seule 18 élus. Le système de cooptation permet ainsi de rattraper leur échec sur le terrain.

Avec quelle légitimité et quelle crédibilité, les quatre fédérations espèrent-elles rassembler les musulmans de France autour de leur projet ?

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L’annonce des quatre fédérations « intervient à la suite de l’appel du président du CFCM du 18 mars 2021 aux musulmans de France à libérer la représentation du culte musulman des fédérations, notamment en abolissant le système de cooptation par lequel ces fédérations s’octroient le pouvoir de désigner la moitié du conseil d’administration du CFCM et sa mise sous tutelle« , note pour sa part le communiqué du CFCM.

Le président du CFCM avait également appelé « à la mobilisation des musulmans pour reprendre leur destin en main et à participer massivement aux assises de la départementalisation du culte musulman qui seront lancées prochainement ».

« Les assises départementales permettront aux musulmans de France de décider par eux-mêmes du mode de gouvernance des instances représentatives de leur culte », insiste le communiqué du CFCM.

Selon le président du CFCM, depuis le lancement du chantier de la réforme en février 2019, les quatre fédérations n’ont cessé de réclamer « le renforcement du système de cooptation et l’abandon de toute forme d’élection », ainsi qu’une  « instance légère sans aucune prérogative sinon celle d’être un espace de dialogue entre les fédérations ».

Elles se sont également opposées à la mise en place des conseils départementaux du culte musulman, ou au moins à ce qu’ils gardent un statut informel et qu’ils soient désignés directement par les fédérations.

« Ces exigences sont aux antipodes des attentes des musulmans de France qui demandent l’abolition du système arbitraire de cooptation qui discrédite complètement la représentation du culte musulman en France, et la mise en place de conseils départementaux élus par les acteurs locaux et non désignés par les fédérations », fait valoir le président du CFCM, Mohammed Moussaoui.

En créant cette coordination, relève-t-il, « les responsables de ces fédérations veulent empêcher cette évolution réclamée et attendue par les musulmans de France et perturbent par la même occasion la future mise en place des conseils départementaux ».

Et de conclure que « les quatre fédérations s’autoproclament comme la seule « porte – voix» des musulmans de France et leur dénient le droit à la consultation et à la participation aux futures assises départementales ».

 

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