La justice au chevet d’Aigle Azur et de XL Fairways

L’avenir de deux compagnies aériennes françaises en crise se joue lundi devant la justice: à Evry, le tribunal de commerce examine quatre dossiers de candidature à la reprise d’Aigle Azur, tandis qu’à Bobigny, XL Airways demande son placement en redressement.

Aigle Azur, dont les 11 avions ne volent plus depuis le 7 septembre et a été placée en liquidation judiciaire avec poursuite d’activité jusqu’à vendredi, a rendez-vous à 08H30 au tribunal de commerce d’Evry, au sud de Paris.

Spécialisée dans les liaisons avec l’Algérie et la desserte du bassin méditerranéen, la compagnie, qui accuse un passif d’au moins 148 millions d’euros, fait notamment les frais de choix stratégiques malheureux, avec l’ouverture il y a deux ans de lignes vers Pékin et Sao Paulo.

Quatre candidats ont déposé des offres de reprise pour la société, qui emploie 800 salariés en France et 350 en Algérie et a transporté 1,88 million de passagers l’an passé.

Deux anciens dirigeants d’Air France, Lionel Guérin et Philippe Micouleau, proposent de reprendre la "totalité du fonds de commerce", 787 salariés et "un recentrage du réseau sur les lignes structurellement rentables, en particulier l’Algérie", selon l’offre de reprise consultée par l’AFP. Celle-ci est conditionnée à l’obtention d’un prêt participatif de 15 millions d’euros auprès de l’Etat.

Une deuxième offre, présentée par Gérard Houa, actionnaire minoritaire d’Aigle Azur via la société Lu Azur, prévoit la reprise de 90% de la flotte actuelle et de 82,2% des employés, et un financement de 30,4 millions d’euros, "dont la moitié provenant de M. Houa et 15,4 millions de prêt à moyen terme sans clause suspensive", a indiqué à l’AFP Philippe Bohn, un proche de M. Houa.

"Toutes les deux ont reçu un avis favorable du comité d’entreprise vendredi, avec quelques réserves concernant leur financement", a affirmé à l’AFP le président du syndicat SNPL (pilotes) Aigle Azur et membre du CE Martin Surzur.

Les deux autres offres sont celle de Vueling, la compagnie low-cost du groupe IAG qui souhaite mettre la main sur une partie des créneaux horaires d’Aigle Azur, et une offre en nom propre.

Air France et le groupe Dubreuil, maison-mère des compagnies Air Caraïbes et French Bee, avaient envisagé de déposer une offre conjointe mais ont renoncé, notamment en raison des "risques sociaux associés à la reprise des salariés", selon Dubreuil.

– "Concurrence débridée" –

XL Airways, qui se défend elle de toute erreur stratégique, s’est déclarée jeudi en cessation de paiement. Elle s’estime être victime de la "concurrence internationale débridée" des "low-cost" long courriers et du poids des taxes et charges sociales en France, selon son PDG Laurent Magnin.

La compagnie, qui a arrêté de vendre des billets depuis jeudi, a prévenu qu’elle était susceptible d’annuler des vols à partir de lundi, jour où le tribunal de commerce de Bobigny, au nord de Paris, doit examiner sa demande de placement en redressement judiciaire.

Les syndicats ont appelé à un rassemblement à 14H00 devant le tribunal après une première manifestation à 11H00 devant le ministère des Transports.

Le redressement judiciaire gèle le passif existant à l’ouverture de la procédure, pendant une période d’observation qui peut durer jusqu’à 18 mois. Elle doit permettre à l’entreprise de présenter un plan de continuation de ses activités avec un réaménagement de son endettement.

La compagnie long-courrier, propriété du holding français DreamJet Participations depuis 2016, "a besoin de 35 millions pour repartir", selon M. Magnin, qui a appelé Air France à la rescousse.

Des discussion sont en cours entre XL Airways et des repreneurs potentiels, dont Air France, a affirmé dimanche à l’AFP une source proche du dossier.

Dans un communiqué conjoint, les Entreprises du Voyage (agences de voyage), le syndicat des tour-opérateurs (Seto) et l’Association professionnelle de solidarité du tourisme (APST) ont dit dimanche être "très favorables à la poursuite de l’activité de la compagnie XL Airways afin de maintenir le pavillon français sur des destinations très convoitées par leurs clients", notamment les Antilles et la Réunion.

XL Airways emploie 570 collaborateurs. Elle a transporté 730.000 passagers en 2018.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite