La grande solitude de François Hollande sur la Syrie
Il était vraiment seul François Hollande à avoir mis à l’index avec autant de force et autant de hargne Bachar al Assad et à avoir dénoncé avec autant de virulence l’idée même qu’on puisse l’intégrer à cette grande coalition contre Daech proposée par Vladimir Poutine. Seul ! Car même quand le président américain Barack Obama avait ciblé avec violence le tyran de Damas, responsable de toute la tragédie syrienne, il ne fait pas de son départ immédiat la condition préalable pour bouger ou adhérer à une coalition mondiale contre Daech.
Par Mustapha Tossa
Dans sa manière de se singulariser devant les Nations Unies, François Hollande a rappelé, par une sorte d’illusion d’optique, la posture restée célèbre dans le mémoire de Dominique de Villepin, refusant vaillamment, désespérément la guerre américaine contre l’Irak de Saddam Hussein. Aujourd’hui, avec la même détermination, le lyrisme en moins, François Hollande exclue Bachar al Assad, de toute solution transitoire ou définitive à la crise syrienne. Quitte à être seul à prêcher dans le désert, François Hollande maintient son cap anti- Bachar.
Cette posture extrême qui pourrait involontairement phagocyter les efforts de la formation d’une coalition internationale inédite depuis la seconde guerre mondiale et la guerre internationale contre le régime Nazi, pourra-t-elle tenir sans risquer d’isoler La France qui se trouverait toute seule à nager à contre courant? . Les plus optimistes et les plus compréhensifs de la démarche de Paris rappellent la position de Faucon de la diplomatie française dans l’accord international sur le nucléaire iranien. Les exigences françaises avaient obligé les iraniens à davantage de concessions et à aboutir à un accord beaucoup plus contraignant pour l’Iran que le seuil accepté par Barack Obama. François Hollande est-il en train de réitérer sur la crise syrienne le même exploit réalisé in extrémis sur le nucléaire iranien?
En attendant de voir dans les faits si la position de Paris à l’encontre de Bachar al Assad n’était qu’une posture de négociation, François Hollande est vraiment seul dans son obsession à vouloir le départ de Assad. En Europe, la puissante Angel Merkel préconise un dialogue avec le président syrien, rejoignant sur cette stratégie les positions exprimées par les italiens et les espagnoles pour qui Bachar al Assad est un moindre mal. Dans le région, les turcs ont changé de fusil d’épaules et ne font plus du départ d’Assad leur ultime objectif stratégique dans la région. Las saoudiens, et par extension les pays du Golfe, même s’ils continuent à vouer une haine inextinguible à la personne de Bachar El Assad, ont des dispositions à avaler les couleuvres.
François Hollande est aussi seul en France. Des députés, notamment de gauche ont fait le voyage à Damas pour dialoguer avec le régime syrien. La droite de Nicolas Sarkozy et l’extrême droite de Marine Le Pen, sans obliger le Front de gauche, dans leur ensemble sont sur la ligne russe, à savoir que la priorité politique actuelle est de livrer une guerre d’éradication conte Daech et non changer le régime à Damas.
En exigeant le départ de Bachar al Assad avant d’envisager les détails de la guerre internationale contre Daech, François Hollande court le risque d’une grande et éprouvante solitude que ses adversaires, sur la scène internationale comme sur la scène domestique, pourront utiliser pour l’affaiblir et le discréditer. La séquence internationale a beaucoup joué pour présidentialiser son image et sa démarche, elle risque de l’installer à contre courant d’une volonté internationale pilotée par les russes et bénie par les américains de livrer une guerre totale à l’organisation de l’Etat islamique.