La compagnie Air France, menacée d’une nouvelle grève en plein Euro

Après les grèves dans les sites pétroliers, les transports et la collecte de déchets, un nouveau nuage se profile à l’horizon en France avec un arrêt de travail des pilotes de l’emblématique entreprise Air France à partir de samedi, en plein Euro de football.

Pour l’Etat français, actionnaire d’Air France-KLM à 17,6%, cette nouvelle grève, qui risque de ternir à nouveau l’image de la compagnie, va accroître la pagaille dans un pays en proie à des manifestations depuis plus de trois mois contre une réforme du droit du travail.

Les pilotes d’Air France sont appelés à déserter leurs cockpits de samedi à mardi pour défendre l’emploi et leurs rémunérations. Leurs revendications sont souvent mal comprises alors qu’ils bénéficient de garanties d’emplois et d’un statut qualifié de privilégié.

Une nouvelle grève pourrait faire l’objet de critiques alors que deux millions d’étrangers sont attendus à l’Euro et que la France espère en tirer des bénéfices en termes d’images et commerciaux. Les syndicats de la compagnie menacent de prolonger la grève après le 14 juin, "si nécessaire".

Ce nouveau conflit social prend ses racines dans des plans de restructuration successifs et devrait perturber les vols dès le lendemain de l’ouverture de l’Euro-2016 en France (10 juin-10 juillet).

Les syndicats de pilotes représentatifs à Air France ont rejeté jeudi le nouveau protocole de fin de conflit transmis par la direction. Selon le PDG Frédéric Gagey, entre 70% et 80% des vols seront assurés au premier jour de leur grève.

Les relations entre le syndicat majoritaire SNPL et la compagnie, qui comptait près de 50.000 salariés fin 2015, sont empoisonnées depuis des mois par le solde d’un plan de restructuration qui était censé être appliqué de manière progressive et concertée entre 2012 et fin 2014.

Mais les pilotes n’ont réalisé que deux tiers des efforts négociés. Le SNPL a en effet refusé d’appliquer le solde restant, jugeant que l’entreprise n’avait pas respecté les contreparties promises au moment de la signature.

Parmi les mesures restantes figurent notamment la baisse de la majoration des heures de nuit (de 50% à 40%) et un calcul moins favorable pour les activités au sol.

– Le précédent de 1998 –

Le gain estimé pour Air France varie "entre 20 et 30 millions d’euros par an", selon les calculs de Gilles Gateau, chargé des ressources humaines.

La décision d’Air France avait été qualifiée d’"agression" par les syndicats représentatifs, SNPL et Spaf (deuxième syndicat de pilotes), alors que la compagnie a renoué avec les profits l’an dernier, une première depuis 2008.

Le dialogue entre les pilotes et Air France s’est encore dégradé depuis l’échec des négociations autour du futur plan de développement d’Air France-KLM, "Perform 2020".

Cet échec a conduit à l’annonce, début octobre, d’un "plan B" comprenant une réduction de la flotte et du réseau long-courrier, menaçant 2.900 emplois. Cette nouvelle restructuration, revue depuis à la baisse, avait dégénéré avec l’agression du directeur des Ressources humaines d’alors, Xavier Broseta, lors d’une manifestation devant le siège à Roissy près de Paris.

Le 5 octobre, M. Broseta avait eu sa chemise arrachée par une cohorte de mécontents au moment où se tenait un comité central d’entreprise. Les images de la violente prise à partie avaient suscité un concert d’indignations et fait le tour du monde, confortant la mauvaise réputation de la France en matière de dialogue social.

L’affaire avait aussi suscité un débat passionné sur la légitimité du recours à la violence physique face à la "violence économique", terme contesté par certains brandissant le statut plutôt favorable des pilotes d’Air France.

En septembre 2014, Air France avait connu une grève des pilotes de deux semaines, un record.

Le conflit actuel n’est pas sans rappeler 1998: à l’approche de la Coupe du monde de foot, une grève des pilotes avait paralysé la compagnie pendant dix jours. Un accord y avait mis fin in extremis, le jour même de l’ouverture du Mondial.

(Avec AFP)

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