La communauté musulmane de France face à la fermeture des abattoirs ce dimanche pour la fête de l’Aïd-el-Kébir
Pour compléter le dispositif, 21 marchés au vif permettront un peu de désengorger les abattoirs. « Cette année, l’Aïd tombe un week-end. La prouesse est de mobiliser les structures de l’Etat pendant ces jours. Le dispositif est opérationnel », assure-t-on au cabinet de Daniel Canepa, le préfet de région.
Si le nombre d’abattoirs agréés est en augmentation ces dernières années, « on est loin du compte », estime Khaled Bouchama, vice président de la commission halal et abattage rituel du Conseil français du culte musulman. « En Seine-Saint-Denis, on n’a qu’un seul abattoir qui a fait l’année dernière 700 carcasses alors que c’est le département où il y a le plus de musulmans », poursuit-il. Du coup, selon lui, de nombreux fidèles ne fêteraient pas l’Aïd.
Liste des abattoirs agréés en Ile-de-France
Cinq abattoirs pérennes fonctionnent toute l’année dans la région : Jossigny, Meaux, Montereaux (77), Ezanville et Ableiges (95). Quatre autres, temporaires, ont été agréés spécialement pour l’Aïd-el-Kébir par les préfets : Coulomiers (77), Elancourt (78), La Courneuve (93) et Champigny-sur-Marne (94).
Dans les Côtes-d’Armor, seul Quintin-Viandes est agréé cette année. Cet abattage sera réalisé lundi 7 novembre, compte tenu du fait que « les abattoirs du département équipés pour recevoir des ovins sont fermés les samedis et dimanches. »
Les services de l’Etat rappellent également que les « abattages effectués hors des abattoirs agréés sont interdits » et que les « contrevenants s’exposent à des poursuites ».
A Limoges, les responsables des abattoirs de la région ont tranché : comme chaque dimanche, ils seront fermés. Le directeur de cabinet du préfet Christophe Jean reconnaît que la situation est sensible. « Nous avons réuni les directeurs d’abattoirs. Ils nous ont indiqué qu’ils seraient fermés le dimanche. Nous ne pouvons pas les contraindre à ouvrir… » Et le directeur de cabinet de rappeler que les musulmans peuvent célébrer l’Aïd-el-adha lundi et mardi prochain. Une solution que les principaux concernés n’envisagent pas pour la plupart, préférant le dimanche. Quitte à abattre eux-mêmes de manière clandestine.
Les particuliers de Limoges n’ont du coup aucun lieu prévu pour que les moutons soient abattus dans les conditions sanitaires fixées par la législation française. « La communauté se sent dénigrée. Tout le monde est déçu et l’on ne comprend pas ! dénonce Mifdal Abdelhadi, de l’association des musulmans de Limoges pour la fraternité (AMLF).
Le directeur de l’abattoir de Limoges, Jean-Yves Jouveau, nuance tout de même le problème. « Nous avons tout de même 200 moutons à abattre à Limoges, mais lundi… L’Aïd s’étale sur trois jours et il est vrai que les musulmans auraient préféré le dimanche. Mais si l’abattoir était bien en mesure d’ouvrir, les salariés ne le souhaitaient pas. J’ai consulté les employés. Les représentants du personnel m’ont indiqué qu’ils ne voulaient pas travailler ce jour-là. »