La campagne démocrate s’emballe dans le Nevada, Sanders sous pression
Bernie Sanders se présente en favori des primaires démocrates vendredi à la veille d’un vote important dans le Nevada, bien que fragilisé par des révélations embarrassantes sur une ingérence de la Russie en sa faveur.
« Mon message à Poutine est clair: restez à l’écart des élections américaines et lorsque je serai président, je m’en assurerai », a réagi le sénateur indépendant.
M. Sanders a confirmé qu’il avait été informé par les services de renseignement américains d’une ingérence russe dans la présidentielle de novembre, mais n’a pas fait allusion au soutien spécifique à sa candidature que rapporte le Washington Post.
Le président républicain Donald Trump était de son côté furieux après d’autres informations selon lesquelles les Russes cherchaient spécifiquement à l’aider à remporter la présidentielle de novembre.
Fidèle à sa nouvelle tradition, le président s’est invité vendredi dans le Nevada pour un meeting de campagne, juste avant le vote de ses opposants.
« Avec votre aide en novembre, nous battrons les démocrates socialistes radicaux », a-t-il lancé à ses partisans.
« Une bouchée » de Bloomberg
Faisant campagne sur un programme résolument à gauche, le favori Bernie Sanders dispose aussi d’un net avantage dans les sondages portant sur le Nevada, loin devant l’ancien vice-président modéré Joe Biden puis l’ex-maire Pete Buttigieg et la sénatrice Elizabeth Warren, dans un mouchoir de poche.
De son côté, le milliardaire Michael Bloomberg fait l’impasse sur les premiers Etats pour entrer en lice lors du « Super Tuesday » le 3 mars, lorsque 14 Etats voteront.
« Si cela se passe comme ça pour un débat démocrate, il est assez probable que Trump n’en fera qu’une bouchée », a jugé Bernie Sanders, dans un extrait d’entretien diffusé sur la chaîne CBS.
Il s’est de nouveau indigné du montant record que dépense le multi-milliardaire pour financer sa campagne: déjà plus de 360 millions de dollars en spots publicitaires, selon Advertising Analytics, tirés de sa fortune.
« Nous sommes en démocratie. Chaque personne vaut un vote. Un type qui vaut 60 milliards de dollars ne peut pas acheter une élection », a lancé M. Sanders, également favori dans les sondages nationaux.
M. Bloomberg s’est dit prêt vendredi à permettre à plusieurs femmes qui l’accusent d’avoir tenu des propos sexistes de s’exprimer librement, en les affranchissant d’accords de confidentialité.
Alors qu’il ne s’est encore présenté à aucune primaire, la fortune de l’ancien maire de New York lui a permis de se hisser à la troisième place dans la moyenne des sondages nationaux, derrière MM. Sanders et Biden.
Mais sa popularité a plongé de vingt points dans un sondage mené par Morning Consult juste après le débat.
Certains démocrates s’inquiètent de voir le parti se déchirer dans un duel entre MM. Bloomberg et Sanders.
D’où la tentative frénétique chez les prétendants démocrates à la Maison Blanche de se présenter en candidat du rassemblement, plus au centre.
Eviter le fiasco
Dans les casinos de Las Vegas ou les régions désertiques de cet Etat de l’Ouest américain, déjà plus de 75.000 électeurs démocrates ont voté lors de scrutins anticipés organisés dans le Nevada, où un tiers de la population est hispanique.
Sur le terrain, la progressiste Elizabeth Warren a retrouvé de l’élan: elle a levé quelque cinq millions de dollars après son bon débat.
Le modéré Pete Buttigieg dispose aussi d’une bonne organisation.
Pour contrer Bernie Sanders, ses rivaux tentent de profiter de la controverse qui oppose le syndicat des employés de la restauration, très puissant dans les casinos de Las Vegas, aux partisans du socialiste.
Comme l’Iowa, le Nevada organise des « caucus » pour ses primaires, des assemblées d’électeurs qui exprimeront publiquement leur choix de candidat samedi à partir de la mi-journée.
Après le chaos dans la publication des résultats de ce premier Etat, les démocrates du Nevada cherchent à tout prix à éviter un même fiasco.