L’Iran menace d’un embrasement régional en cas d’attaque américaine
L’Iran a averti samedi les Etats-Unis que la moindre attaque contre son territoire aurait des conséquences dévastatrices pour leurs intérêts dans la région, après que le président américain eut annulé à la dernière minute des frappes de représailles contre la République islamique.
Jalal Haji Zavar avait été condamné par un tribunal militaire pour espionnage au profit de l’Agence centrale du renseignement des Etats-Unis (CIA), selon l’agence semi-officielle Isna.
En dépit des affirmations répétées des Etats-Unis et de l’Iran selon lesquelles ils ne cherchent pas la guerre, cette annonce intervient en pleine escalade, avec une multiplication des incidents dans le Golfe qui font craindre un embrasement.
"Tirer une balle en direction de l’Iran mettra le feu aux intérêts de l’Amérique et de ses alliés" dans la région, a déclaré samedi à l’agence Tasnim le général de brigade Abolfazl Shekarchi, porte-parole de l’état-major conjoint des forces armées iraniennes.
Vendredi, le président américain Donald Trump a affirmé avoir annulé à la dernière minute des frappes contre l’Iran pour éviter un lourd bilan humain, tout en maintenant ses menaces de représailles contre Téhéran, qui avait abattu la veille un drone américain.
"Nous étions armés et prêts à riposter (dans) la nuit (de jeudi à vendredi) contre trois sites différents quand j’ai demandé combien (de personnes) allaient mourir", a-t-il raconté dans une série de tweets détaillés.
"+150 personnes, Monsieur+, a été la réponse d’un général. 10 minutes avant la frappe, je l’ai stoppée, c’était disproportionné par rapport à une attaque contre un drone."
"Anéantissement"
La destruction du drone de l’US Navy par l’Iran a provoqué un nouvel accès de fièvre.
L’Iran affirme disposer de "preuves irréfutables" montrant que le drone américain abattu était entré dans son espace aérien et a déposé une plainte à l’ONU. Samedi, le ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a publié sur son compte Twitter une carte reprenant notamment, selon lui, le parcours détaillé du drone au-dessus du détroit d’Ormuz.
Washington affirme de son côté que l’aéronef a été touché dans l’espace aérien international.
Les Etats-Unis ont demandé la tenue lundi d’une réunion à huis clos du Conseil de sécurité de l’ONU, selon des sources diplomatiques.
Accusant Téhéran de "rejeter les ouvertures diplomatiques de Washington", l’envoyé spécial des Etats-Unis pour l’Iran, Brian Hook, a affirmé vendredi que l’Iran devait "répondre à la diplomatie par la diplomatie, pas par la force".
M. Hook a tenu ces propos lors d’une visite sur une base militaire en Arabie saoudite, pays allié des Etats-Unis et engagé avec Téhéran dans une lutte d’influence régionale depuis plusieurs années.
"Les Iraniens répondront à la diplomatie par la diplomatie, au respect par le respect et à la guerre par une défense acharnée", a répondu sur Twitter le porte-parole de la diplomatie iranienne, Abbas Moussavi.
Selon lui, la "diplomatie" américaine est synonyme de "#TerrorismeEconomique et de guerre" et de violation "de la parole donnée" ainsi que des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.
Son ministère a annoncé avoir convoqué samedi le chargé d’affaires des Emirats arabes unis –pays d’où avait décollé le drone abattu– pour protester "fermement" contre "la mise à disposition de forces étrangères d’installations en vue d’une agression" contre l’Iran.
De son côté, Londres a annoncé que son ministre d’Etat chargé du Moyen-Orient, Andrew Murrison, serait dimanche à Téhéran pour plaider en faveur d’"une désescalade urgente".
"Erreur humaine"
Cité par l’agence officielle iranienne Irna, le général de brigade Amirali Hajizadeh, chef de la branche aérospatiale des Gardiens de la Révolution, armée idéologique iranienne, a semblé répondre vendredi aux propos de M. Trump ayant laissé entendre que l’attaque contre le drone pourrait être dû à une "erreur humaine" côté iranien.
"Il est possible que cette violation (de l’espace aérien) ait été commise par un général ou quelques opérateurs (de drone) américains", a-t-il dit.
Vendredi, le général Hajizadeh avait présenté à la télévision d’Etat des "débris" du drone récupérés "dans les eaux territoriales" iraniennes.
Les tensions entre Washington et Téhéran ne cessent de monter depuis le retrait américain en mai 2018 de l’accord international sur le nucléaire iranien suivi du rétablissement de lourdes sanctions américaines contre l’Iran, privant ce pays des bénéfices économiques qu’il escomptait du pacte.
Elles se sont intensifiées avec de récentes attaques contre des pétroliers dans le Golfe, imputées par Washington à Téhéran, qui dément toute implication.
Alors que les Etats-Unis renforcent leur dispositif militaire au Moyen-Orient, l’Iran a annoncé que ses réserves d’uranium enrichi dépasseraient à partir du 27 juin la limite prévue par l’accord.