L’horizon se dégage pour Sylvie Goulard à la Commission européenne

L’examen de passage devant le Parlement européen de Sylvie Goulard, la candidate du président Macron à la Commission européenne, s’annonce plus facile que prévu après le règlement par cette instance de son cas dans une affaire d’emplois fictifs présumés mais elle pourrait avoir à s’expliquer sur son activité pour un think tank américain.

"Le cas au Parlement européen est clos. Il y a des irrégularités administratives mineures notées, non systématiques et non intentionnelles. Le remboursement lié à cette affaire a été effectué", a déclaré une porte-parole du Parlement européen, interrogée vendredi par l’AFP. Il s’agit d’une petite somme, a précisé un autre porte-parole.

La désignation mercredi de Mme Goulard, par le président Emmanuel Macron, pour occuper le poste de la France à la Commission dirigée par l’Allemande Ursula von der Leyen, avait provoqué quelques grincements de dents en raison de son implication présumée dans une affaire d’emplois fictifs d’assistants des eurodéputés du parti Modem.

Elle doit être auditionnée par le Parlement d’ici fin octobre comme tous les autres commissaires du nouvel exécutif européen présidé par l’Allemande Ursula von der Leyen qui doit entrer en fonction le 1er novembre.

Mme Goulard, spécialiste de l’UE aux compétences reconnues et eurodéputée centriste de 2009 à 2017, avait dû quitter son poste de ministre des Armées un mois à peine après sa nomination en 2017, en même temps que les centristes François Bayrou et Marielle de Sarnez.

Dans un entretien vendredi matin sur la chaîne BFM TV, la secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Amélie de Montchalin, avait affirmé que le Parlement européen avait blanchi Mme Goulard après une "enquête interne".

L’enquête judiciaire française sur ce dossier se poursuit néanmoins. Des anciens assistants parlementaires et quelques eurodéputés ont été auditionnés dans ce cadre.

A ce jour, Sylvie Goulard n’a pas été convoquée. Il semble aujourd’hui, selon une source proche du dossier en France, qu’elle ne soit pas la plus impliquée parmi les six parlementaires visés dans l’affaire.

"Elle n’aurait pas accepté sa nomination si elle pensait qu’il y a un problème", soulignait avant cette annonce une personne dans son entourage.

"Pour Sylvie, tout était conforme aux règles", insiste cette source. Quant à sa démission, elle était due "au risque d’une mise en examen" qui aurait entraîné un départ brutal du gouvernement.

La candidate, âgée de 54 ans, pourrait cependant être mise en difficulté par une autre affaire. Un travail généreusement rémunéré pour un think tank américain alors même qu’elle était eurodéputée.

Dans sa "déclaration d’intérêt" –que chaque eurodéputé doit présenter au Parlement européen– Mme Goulard a en effet renseigné entre 2013 et 2016 un rôle de "conseillère spéciale" auprès du "Berggruen Institute for governance" pour "plus de 10.000 euros brut par mois" –un montant supérieur à son indemnité parlementaire d’environ 8.700 euros bruts.

Rémunération élevée

Il s’agit d’une affaire "gravissime", estime une source proche de la majorité, qui juge cette nomination "extrêmement risquée".

"Elle a quand même touché une rémunération élevée d’un think tank américain pour un travail dont on attend de savoir la réalité", s’étonne l’eurodéputé écologiste Yannick Jadot, quand l’ancien eurodéputé Guillaume Balas se demande comment un parlementaire européen "peut avoir le temps de faire autre chose".

"Quand la rémunération est supérieure à l’indemnité, vous travaillez pour qui ?", s’interroge-t-il.

Le think tank en question, créé en 2010 par Nicolas Berggruen, un milliardaire américain et allemand, est une organisation à but non lucratif dont l’objectif est de réfléchir à "la manière de remodeler les institutions politiques et sociales".

Une recherche sur le site internet laisse apparaître que Sylvie Goulard a participé à deux réunions –à Paris en 2013 et Madrid en 2014– ainsi qu’à une rencontre fin 2014 à Bruxelles ayant donné lieu à la rédaction d’un "papier de réflexion".

"Pendant la durée de son contrat, Sylvie a participé à l’organisation de conférences à Paris et Madrid, d’une table ronde à Bruxelles et de plusieurs autres réunions, en plus de préparer des documents d’information", confirme l’institut Berggruen, contacté par l’AFP.

"A chacun de juger de la situation. Mais pour elle, c’était conforme à la règle et public", répond l’entourage de l’intéressée.

"Il s’agit d’un contrat privé avec un organisme privé, légal et déclaré", ajoute cette source.

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