Patrick Strzoda a, par ailleurs, reconnu avoir eu connaissance de l’existence de ce passeport de service délivré par le ministère de l’Intérieur « en juillet », signalé par les services de Beauveau, puis de l’existence de « ce document », réputé faux, « dans le courant de l’automne ». « Mais, à ce moment-là, j’ai considéré que le problème était réglé puisque les passeports, d’une part, étaient invalidés depuis le 30 juillet, et ensuite toutes les démarches avaient été faites pour obtenir leur restitution », s’est justifié M. Strzoda. « Et, récemment, au vu de l’enquête préliminaire ouverte par le procureur de la République [le 29 décembre, NDLR], c’est sur la base d’abus de confiance et d’utilisation frauduleuse des titres que j’ai souhaité qu’on verse cet élément supplémentaire au dossier », a-t-il ajouté.
« Parce qu’on est confronté à un monsieur qui visiblement utilise régulièrement des faux pour obtenir un certain nombre de titres officiels », a encore considéré Patrick Strzoda. Lors de cette audition, ce dernier a également avancé qu’Alexandre Benalla avait utilisé « presque une vingtaine de fois » ses passeports diplomatiques depuis son licenciement, le 1er août 2018, et jusqu’au 31 décembre dernier. Il a précisé que la première utilisation de ces documents remontait au 7 août.
La presse avait révélé, peu avant Noël, que l’ancien collaborateur d’Emmanuel Macron disposait toujours de passeports diplomatiques et qu’il effectuait des voyages d’affaires auprès de dirigeants africains. La déclaration du directeur de cabinet mercredi contredit directement l’affirmation faite par Alexandre Benalla lors de sa propre audition, le 19 septembre, selon laquelle il avait laissé dans son bureau de l’Élysée les passeports diplomatiques qu’il avait utilisés dans le cadre de ses fonctions de chargé de mission à la présidence de la République.
Patrick Strzoda a expliqué mercredi qu’un inventaire du bureau d’Alexandre Benalla avait été effectué le 2 août, au lendemain de son départ de l’Élysée, et que les passeports ne s’y trouvaient pas. Il a également affirmé que les affaires personnelles de l’ex-collaborateur avaient été déposées dans un carton fermé qu’il n’est jamais venu chercher, malgré plusieurs sollicitations. « On est confrontés à un comportement fautif d’un individu qui a peut-être profité de failles du système », a-t-il déclaré.