L’avenir de l’Afghanistan au coeur du sommet de l’OTAN à Chicago

L’avenir de la présence alliée en Afghanistan est au coeur du 25e sommet de l’OTAN qui s’ouvrait dimanche à Chicago, dans la foulée du G-8 à Camp David. Le président français François Hollande va devoir justifier devant ses partenaires sa volonté de rapatrier les troupes combattantes françaises avant la fin de cette année, avec deux ans d’avance sur la date fixée par l’Alliance.

La transition en Afghanistan devrait ainsi dominer les deux jours de discussions à Chicago. L’OTAN compte retirer d’ici la fin 2014 les troupes de combat de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), créée en décembre 2001 après la chute du régime fondamentaliste des talibans et forte aujourd’hui de quelque 130.000 hommes. Après ce retrait, le gouvernement de Kaboul devra assumer seul la charge de la sécurité dans le pays, qui reste le théâtre d’attaques et attentats menés par l’insurrection.

Avant l’ouverture du sommet, le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a assuré que l’objectif et le calendrier de l’Alliance restaient inchangés, malgré le retrait anticipé annoncé par les Français, cinquième pays contributeur de la Force avec quelque 3.400 hommes déployés.

"Il n’y aura pas de sorties précipitées", a déclaré M. Rasmussen. "Notre objectif, notre stratégie, notre calendrier demeurent inchangés".

Dès son arrivée aux Etats-Unis vendredi, François Hollande a confirmé qu’il tiendrait son "engagement" pris devant le peuple français de retirer les troupes combattantes françaises d’Afghanistan avant la fin de l’année. Lors d’un entretien avec son homologue américain Barack Obama à la Maison Blanche, il a dit avoir "également précisé qu’il y aurait toujours un soutien à l’Afghanistan, d’une autre nature, d’une autre forme, mais qui se situerait en bonne intelligence avec nos alliés et dans le processus qui est aujourd’hui en cours".

"C’est-à-dire que nous pouvons respecter notre engagement tout en appuyant différemment l’Afghanistan", a dit M. Hollande, souhaitant que lors du sommet de Chicago soient trouvées "les modalités" permettant "à la fois à nos alliés de poursuivre leur mission et à la France de respecter la parole que j’ai donnée au peuple français".

Les opinions publiques en Europe comme aux Etats-Unis sont désormais majoritairement opposées à la guerre en Afghanistan. Une majorité d’Américains estiment qu’elle ne peut être gagnée ou ne voit pas l’utilité de la poursuivre.

"Nous avons encore beaucoup de travail à faire et il y a aura de grands défis devant nous", a prévenu Barack Obama qui a rencontré dimanche son homologue afghan Hamid Karzaï en marge du sommet. "Il continue à y avoir des pertes humaines en Afghanistan et il y aura des jours difficiles à venir".

A Chicago, les membres de l’OTAN vont discuter d’une "vision pour l’après-2014 dans laquelle nous aurons terminé notre rô le de combat, la guerre afghane en tant que telle sera terminée mais notre engagement envers l’amitié et le partenariat avec l’Afghanistan se poursuivra", dit Barack Obama. De son cô té, Hamid Karzaï a assuré que son pays avait hâte de voir la guerre se terminer "pour que l’Afghanistan ne soit plus un fardeau sur les épaules de nos amis de la communauté internationale".

L’entretien devait être consacré aux préparatifs des élections prévues en 2014 en Afghanistan et à la perspective d’un accord politique avec les talibans, selon un responsable de l’administration Obama.

Hamid Karzaï a dit à plusieurs reprises qu’il comptait quitter le pouvoir à la fin de son mandat en 2014. Le plan de retrait de l’OTAN s’organise autour de cette échéance, les forces étrangères devant rester jusqu’aux élections de 2014 et avoir quitté le pays avant 2015.

MM. Obama et Karzaï devaient notamment discuter des façons d’assurer l’équité du scrutin et de réduire les fraudes, selon la même source américaine. Les dernières élections avaient été émaillées d’irrégularités et les Etats-Unis avaient dû faire lourdement pression sur Hamid Karzaï pour qu’un second tour soit organisé lors de la présidentielle de 2009. Il n’avait finalement pas eu lieu, son adversaire s’étant retiré de la course pour protester contre la corruption.

Cet épisode a tendu les relations entre les Américains et Hamid Karzaï, au pouvoir depuis la chute des talibans en 2001, qui soupçonnait l’administration Obama de vouloir le remplacer.x

Toujours selon la même source américaine, les deux dirigeants devaient discuter des perspectives d’un accord politique ou un traité de paix entre le gouvernement de Kaboul et l’insurrection menée par les talibans. Ces derniers se sont retirés en mars des pourparlers conduits par les Etats-Unis, mais des discussions se poursuivent entre Afghans ainsi que d’autres contacts, selon ce responsable. M. Obama compte insister sur l’importance d’une réconciliation politique pour la sécurité future du pays.

Les talibans ont de leur côté exhorté dimanche les Alliés à suivre l’exemple de la France et quitter le pays. "Nous appelons tous les autres Etats membres de l’OTAN à éviter d’oeuvrer pour les intérêts politiques des responsables américains et à répondre à l’appel de leur propre peuple en retirant immédiatement toutes leurs troupes d’Afghanistan", déclarent-ils dans un communiqué diffusé sur Internet.

Les responsables des pays de l’OTAN vont discuter pendant deux jours à Chicago, le fief de Barack Obama, qui fut sénateur de l’Illinois avant de devenir président des Etats-Unis. Le sommet du G-8, qui l’a précédé vendredi et samedi, devait aussi s’y dérouler, mais Barack Obama a finalement préféré accueillir ses partenaires dans le cadre plus intime de Camp David, la résidence des présidents américains dans le Maryland, pour discuter de l’économie mondiale et notamment de la crise dans la zone euro.

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