Kobané: Erdogan ne veut pas d’un Kurdistan autonome en Syrie

Le président islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan a répété son opposition à l’émergence en Syrie d’une zone kurde autonome identique à celle existant en Irak, après la victoire annoncée des forces kurdes sur les jihadistes dans la bataille de Kobané.

"Nous ne voulons pas (de répétition) de la situation en Irak (…), une Syrie du nord après l’Irak du nord, nous ne pouvons pas l’accepter", a dit M. Erdogan, cité mardi par le quotidien Hürriyet, à des journalistes dans l’avion qui le ramenait d’Afrique de l’Est.

"Une telle entité serait source de gros ennuis à l’avenir", a-t-il ajouté.

Les forces kurdes ont proclamé lundi avoir chassé les combattants du groupe Etat islamique (EI) de la ville syrienne de Kobané, à quelques kilomètres de la frontière turque, au terme de plus de quatre mois de combats acharnés.

Mardi, des milliers de Kurdes, turcs ou syriens, se sont rassemblés à l’extérieur de la ville frontalière turque de Suruç, à quelques kilomètres de Kobané, pour célébrer la reprise de la ville, a constaté un photographe de l’AFP.

Les forces de sécurité turques ont fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau contre certains groupes de manifestants qui se dirigeaient vers la frontière, toujours fermée par les autorités turques mardi en milieu d’après-midi.

La Turquie a jusque-là catégoriquement refusé de participer à la coalition militaire internationale menée par les Etats-Unis contre les jihadistes en Irak et Syrie, soucieuse de ne pas renforcer le camp des Kurdes de Syrie.

Depuis le bataille de Kobané mi-septembre, les autorités turques n’ont autorisé qu’au compte-goutte les passages de leur pays vers la Syrie.

"’Faire tomber le régime"

Le chef de l’Etat turc avait qualifié de "terroriste" le principal parti kurde de Syrie (PYD), à la pointe du combat contre l’EI, au même titre que le mouvement frère du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène depuis 1984 la guérilla sur le sol turc.

Pressé par ses alliés d’intervenir, le régime islamo-conservateur d’Ankara a finalement fait un geste en autorisant le passage par son territoire d’un contingent symbolique de combattants kurdes irakiens, les peshmergas, pour aider à défendre Kobané.

La Turquie redoute que la victoire des Kurdes, avec le soutien des frappes aériennes de la coalition, ne favorise l’autonomie de la partie kurde de la Syrie.

Lors de son échange avec la presse, M. Erdogan a une nouvelle fois défendu l’idée d’une "zone d’exclusion aérienne" et d’une "zone de sécurité" le long de la frontière turco-syrienne et répété sa priorité, la chute du régime du président Bachar al-Assad.

"Notre objectif est le régime (de Damas). Avec le régime actuel, rien ne peut continuer en Syrie", a-t-il dit, reprochant aux Etats-Unis de ne pas "viser directement le régime".

"On ne peut pas aboutir ainsi à une solution. Il se produira en Syrie exactement ce qui s’est produit en Irak", a insisté M. Erdogan.

Mardi devant des élus locaux réunis à Ankara, le chef de l’Etat a reproché à la coalition ses bombardements massifs sur Kobané, faisant remarquer que "les 200.000 habitants qui l’ont quitté et qui sont (réfugiés) en Turquie n’ont plus de ville pour se loger". "On danse pour célébrer la victoire mais qui va reconstruire Kobané ?", a-t-il demandé.

La défaite de l’EI à Kobané a provoqué un mouvement de liesse dans le sud-est turc, peuplé majoritairement de Kurdes. Des milliers de personnes sont descendues dans les rues des nombreuses villes pour fêter la victoire.

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