Journée des femmes: haro sur les inégalités de salaire et les violences conjugales

Plus d’un an après le choc « MeToo », et quelques semaines après la nouvelle déflagration « Ligue du LOL », l’égalité professionnelle et la lutte contre les violences conjugales sont vendredi au coeur des revendications de la 42e Journée internationale pour les droits des femmes.

Des milliers de personnes – femmes et hommes – sont invitées à manifester et/ou à débrayer partout en France à partir de 15h40, heure théorique à partir de laquelle les femmes travaillent "gratuitement", si l’on considère qu’elles sont payées en moyenne 26% de moins que les hommes.

A Paris (place de la République), mais aussi Toulouse, Lyon, Marseille ou de nombreuses autres villes, les manifestants se rassembleront à l’heure fatidique, munis d’un foulard violet. Ils seront rejoints par la marche des "jeunes pour le climat".

Les Français et les Françaises ont des perceptions très différentes des inégalités de salaire: 56% des hommes, mais seulement 32% des femmes, pensent que ce problème s’est amélioré ces dernières années, selon un sondage Elabe.

Depuis une semaine, les grandes entreprises ont commencé, conformément à une nouvelle loi, à publier leur "index de l’égalité hommes-femmes", une note sur 100 points visant à réduire les inégalités, et notamment les écarts de rémunération.

Mais de nombreux militants se disent déçus par ce nouveau thermomètre, accompagné de pénalités financières. Sept organisations syndicales ont interpellé mardi le gouvernement et le patronat, estimant que, par son mode de calcul, cette note "masque une partie des écarts" de rémunérations.

Au côté de l’égalité professionnelle, la lutte contre les violences faites aux femmes est l’autre grand thème de ce 8 mars. Pour 55% des Français, cette question doit être traitée en priorité, selon un récent sondage Kantar réalisé pour la "Fondation des femmes" – qui a par ailleurs lancé cette semaine une campagne d’appel aux dons, via un clip vidéo où 44 célébrités font résonner les témoignages de victimes.

– "Diplomatie féministe" –

Tous les trois jours en France, une femme meurt sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint. Depuis le 1er janvier, le bilan atteint déjà 30 victimes, a déploré cette semaine la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité des sexes, Marlène Schiappa.

Une loi contre les violences sexuelles et sexistes permet la pénalisation des "outrages sexistes". Depuis son entrée en vigueur en août 2018, elle a donné lieu à 332 amendes.

Pour le Défenseur des droits Jacques Toubon, qui a mis en ligne sur son site un dossier spécial consacré au 8 mars, "il est temps d’en finir avec les discriminations faites aux femmes". L’an dernier, ses services ont apporté une réponse à "639 femmes qui s’estimaient discriminées en raison de leur sexe", ou parce qu’elles étaient mère, ou enceinte.

La mobilisation intervient quelques semaines après la révélation de l’affaire de la "Ligue du LOL", ces journalistes et communicants qui harcelaient sur internet principalement des jeunes femmes.

Ce dossier a déclenché des dénonciations en chaîne du sexisme encore souvent bien ancré dans les rédactions, et a débouché ces derniers jours sur le licenciement de quatre journalistes, à Libération et aux Inrocks.

Les violences sexistes et sexuelles sont d’ailleurs "massives" dans les médias, selon une enquête publiée jeudi, menée en ligne auprès de 1.800 journalistes et étudiants en journalisme par les collectifs NousToutes, Prenons la Une et Paye Ton Journal.

Pour le gouvernement, la lutte pour l’égalité se mène aussi à l’étranger, via une "diplomatie féministe" qu’il entend promouvoir via sa présidence du G7 en 2019, expliquent Marlène Schiappa et le chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian, dans une tribune publiée ce vendredi dans Libération.

L’exécutif a également réservé 120 millions d’euros d’aide au développement pour "aider les mouvements féministes et les ONG, en particulier du Sud, à mener partout le combat pour l’égalité, les droits et la dignité des filles et des femmes", ont-ils précisé.

Dans cette optique, le président Emmanuel Macron doit remettre vendredi matin un premier "Prix Simone Veil de la République française", qu’il a créé pour récompenser "des actions partout dans le monde en faveur des droits des femmes".

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