Jour de rentrée à l’Assemblée, Richard Ferrand en route vers le perchoir

Pendant que le Sénat est accaparé par l’affaire Benalla, le Palais Bourbon fait sa rentrée, marquée par l’élection attendue mais critiquée de Richard Ferrand, fidèle du chef de l’État, comme nouveau président d’une Assemblée nationale promise à un « an II » plus compliqué.

Facilement investi lundi par les députés LREM, l’élu du Finistère de 56 ans, jusque-là chef de file du groupe, est assuré de l’emporter en fin d’après-midi lors du vote à bulletin secret de l’ensemble des élus, du fait de la majorité dont disposent les "marcheurs" (312 députés sur 577).

Face à lui pour devenir le quatrième personnage de l’État, après le départ de François de Rugy pour le gouvernement: Annie Genevard (LR), Ericka Bareigts (PS), et Mathilde Panot (LFI), mais aussi une candidature plus inattendue de Marc Fesneau (MoDem).

Le groupe centriste entend adresser un "signal" à son allié de la majorité et lui rappeler qu’il en est un des "deux piliers". Une initiative qui n’est pas "contre tel ou telle", a assuré M. Fesneau dans sa lettre de candidature, mettant notamment en avant sa volonté de "renforcer les pouvoirs du Parlement". Il pourrait "glaner quelques voix" côté LREM, mais ce sera limité, prédit un "marcheur".

Alors que le perchoir n’a jamais été occupé par une femme, cette majorité de candidatures féminines vient appuyer les critiques de l’opposition sur ce choix de M. Ferrand. L’ex-socialiste s’est vu aussi reprocher de ne pas incarner le renouvellement, y compris chez certains LREM, tel François-Michel Lambert qui estime dans L’Opinion qu’"il n’incarne pas ce pour quoi on a voté".

Mais le choix du député breton, élu par les LREM face notamment à Barbara Pompili, évite une nouvelle crise dans la majorité, déjà bousculée par l’affaire Benalla.

S’il a promis mardi devant Édouard Philippe de ne "jamais" faire défaut au gouvernement, M. Ferrand est toujours sous la menace d’une mise en examen dans l’affaire des Mutuelles de Bretagne. Il a laissé entendre qu’il ne démissionnerait pas nécessairement dans une telle situation, le député PS Luc Carvounas y voyant la marque d’une "République des coquins et des copains".

M. Ferrand ne prévoit pas de remettre en jeu sa nouvelle fonction dans un an, à mi-mandat, selon son entourage – engagement initialement annoncé pour tous les LREM au début de la législature.

Rentrée "difficile"

Le vote débutera vers 16 heures, après les premières questions au gouvernement de la rentrée, sous la houlette de la vice-présidente de l’Assemblée Carole Bureau-Bonnard (LREM). Les députés se succèderont à la tribune, pendant environ une heure, pour glisser un bulletin dans l’urne. Le dépouillement durera ensuite une cinquantaine de minutes.

Après la proclamation des résultats, le nouveau président prononcera un discours, une passation de pouvoir étant programmée dans la soirée avec François de Rugy à l’Hôtel de Lassay.

Après cette rentrée qualifiée de "difficile" par des élus LREM, des dossiers compliqués attendent l’Assemblée. A commencer par le marathon budgétaire de l’automne, mais aussi la délicate réforme institutionnelle, dont la promesse de réduction du nombre de parlementaires.

M. Ferrand, qui a promis aux députés de la majorité que "l’an II sera un grand cru", devra notamment composer avec son homologue du Sénat Gérard Larcher (LR) sur ce dossier.

Effet domino oblige, les manoeuvres en coulisse sont aussi lancées pour la présidence du groupe majoritaire, qui suscite "des vocations de partout", dixit un élu LREM. Le dépôt des candidatures sera ouvert à partir de mercredi 20H00 et pour 24 heures, en vue d’un vote en réunion de groupe mardi.

Pour l’heure, seule Laetitia Avia s’est déclarée, mais sont aussi cités les noms des porte-parole Gilles Le Gendre, Aurore Bergé (ex-LR) et Gabriel Attal, ou encore la présidente de la commission des Affaires sociales Brigitte Bourguignon (ex-PS).

"Il n’y a pas une personnalité incontournable qui se détache", observe le député LREM Jean-Baptiste Moreau, pour qui la séquence "va permettre de mesurer notre degré de maturité".

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