"Nos points de programme sont clairs, s’ils n’entrent pas dans le programme de gouvernement, nous ne pourrons pas démarrer. Et mieux vaudra alors retourner aux urnes, le plus tôt possible", a déclaré vendredi M. Di Maio.
"Soit nous sommes d’accord pour le réaliser, soit on ne peut pas aller plus loin", a-t-il encore menacé, après avoir rencontré le chef du gouvernement désigné Giuseppe Conte.
M. Di Maio a notamment rejeté une modification des "décrets sécurité", promulgués par le ministre de l’Intérieur sortant et son ex-allié le chef des souverainistes Matteo Salvini.
"Le problème de l’immigration est sérieux, concret et il doit être affronté avec compétence dans le respect des sensibilités exprimées par l’opinion publique", a-t-il dit, conscient qu’une bonne partie du M5S approuve le durcissement sécuritaire promu par M. Salvini, pendant les 14 mois d’alliance M5S-Ligue.
Un haut dirigeant du PD, Graziano Delrio, a qualifié d’"inacceptables les ultimatums de Di Maio à Conte", rappelant que les sociaux-démocrates "se sont engagés à soutenir loyalement les efforts de M. Conte" pour constituer un gouvernement.
Auparavant, le patron du PD, Nicola Zingaretti, avait énuméré, à l’adresse de M. Conte, les "principales nouveautés" d’un programme commun M5S-PD: une baisse des impôts pour les moyens et bas salaires "afin de stimuler la consommation", un plan pour l’emploi, promouvoir l’économie numérique et la possibilité de "rendre gratuite la formation des enfants des familles modestes depuis la crèche jusqu’à l’université".
M. Conte, désigné jeudi par le président Sergio Mattarella pour essayer de former un gouvernement M5S-PD, a consulté pendant deux jours les différentes forces politiques en terminant vendredi par le PD et le M5S avec lesquels il doit construire une nouvelle équipe gouvernementale.
Il devrait présenter d’ici mardi ou mercredi prochain la composition du gouvernement au président Sergio Mattarella avant de prêter serment.
Outre la répartition des portefeuilles ministériels, plusieurs inconnues demeurent dont l’attribution du poste de vice-Premier ministre, que M. Di Maio voudrait conserver. Selon les politologues, très affaibli, "il se bat pour sa survie".
Les postes stratégiques de l’Economie et de l’Intérieur sont aussi au coeur des discussions.
Les Cinq Etoiles vont en outre soumettre l’accord de coalition au vote de leurs militants sur leur plateforme participative "Rousseau". Cette consultation en ligne des 100.000 inscrits se déroulera dans les prochains jours, selon les médias.
Matteo Salvini avait décliné l’invitation de M. Conte et envoyé de simples représentants.
Le 8 août, le leader d’extrême droite a fait éclater la coalition formée par la Ligue qu’il dirige et le mouvement Cinq Etoiles, au moment où les sondages prédisaient que la Ligue, Forza Italia – le parti de centre-droit de l’ancien Premier ministre Silvio Berlusconi – et le parti d’extrême droite Frères d’Italie pouvaient ensemble obtenir suffisamment de voix lors d’élections anticipées pour former une majorité gouvernementale.
Après ce pari raté, pour les mois à venir, le plan de bataille de M. Salvini est clair: partir en campagne pour faire tomber le gouvernement et obtenir des élections. "Dans quelques mois, une année ou deux d’opposition, nous reviendrons", a-t-il promis, en annonçant des mobilisations tous azimuts dont une "journée de la fierté italienne", le 19 octobre à Rome.
Il a d’ores et déjà exclu que la Ligue forme une future coalition avec Forza Italia. "Nous n’avons besoin de rien ni de personne", a-t-il lancé au cours d’un rassemblement vendredi à Conselve, près de Padoue, dans son fief du nord de l’Italie.