Islam en France : Cazeneuve invite à ne pas « jouer avec le principe de laïcité »

L’ex-ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve invite mardi dans L’Opinion à ne pas "jouer avec la laïcité", jugeant qu’il n’y a "pas aujourd’hui à repenser la relation entre l’Eglise et l’Etat", dans une allusion au discours du chef de l’Etat devant les évêques de France.

"On ne peut jouer avec le principe de laïcité, l’Etat doit demeurer à distance des questions religieuses (…) Il n’y a pas aujourd’hui à repenser la relation entre l’Eglise et l’Etat", affirme M. Cazeneuve, qui s’est peu exprimé depuis la fin du quinquennat Hollande.

Pense-t-il au discours d’Emmanuel Macron au collège des Bernardins le 9 avril, où le président avait parlé de "réparer" le lien "abîmé" entre l’Eglise et l’Etat ? "Il y avait de belles choses dans le discours du président de la République aux Bernardins, mais l’attention s’est focalisée sur cette phrase parce qu’elle semblait remettre en cause le principe de laïcité", répond-il.

"L’erreur serait encore une fois de laisser à penser qu’on veut toucher aux équilibres que porte cette valeur fondatrice du vivre ensemble (…) Je ne veux pas faire de la laïcité un sujet d’instrumentalisation politique dans l’outrance et le vacarme", poursuit-il.

Fait-il allusion à Manuel Valls ? "J’ai avec Manuel Valls des divergences de forme plus que de fond. En tout cas je l’espère", répond-il.

M. Cazeneuve rappelle son opposition à l’interdiction du salafisme – proposition formulée par M. Valls récemment – et au placement en rétention des fichés S. "Si on met demain les fichés S en rétention, il n’y a plus de surveillance, et donc plus de services de renseignement", argue-t-il.

Défendant son action place Beauvau, M. Cazeneuve reconnaît toutefois "un échec" s’agissant de "l’association cultuelle qui devait créer les conditions d’une plus grande transparence du financement des mosquées et de la formation théologique des imams".

Pour y remédier, M. Cazeneuve juge "urgent que les musulmans de France prennent ce sujet à bras-le-corps". Il n’est en revanche guère favorable à un financement par l’Etat, "ce qui suppose une réforme constitutionnelle". "Je crains que dans cette hypothèse on multiplie les problèmes en ouvrant tous les débats qui divisent", tranche-t-il.

Interrogé sur la tribune sur le "nouvel antisémitisme", qu’il a signée à l’instar de Manuel Valls ou Nicolas Sarkozy, M. Cazeneuve réaffirme que "ce nouvel antisémitisme existe". "Je n’aurais peut-être pas formulé le texte de cette manière", nuance-t-il toutefois.

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