L’article reprend sur 12 pages des idées déjà détaillées par le chef de l’Etat, dans cet entretien du 25 octobre, accordé dans l’avion retour de sa visite à La Réunion, avant l’attaque contre la mosquée de Bayonne par un ancien candidat d’extrême droite.
"Je lutte de toutes mes forces contre le communautarisme", répète le chef de l’Etat, qui, en revanche, ne veut "pas tomber dans le piège communautarisme = islam".
Tout en condamnant la "sécession" communautariste, Emmanuel Macron revendique de ne pas vouloir "parler de racisme anti-Blanc", de ne pas "rentrer dans cette dialectique" qu’il juge "mortifère". Des termes utilisés notamment par le polémiste controversé Eric Zemmour.
Le président de la République insiste aussi sur la nécessité de mieux lutter contre l’immigration illégale, en réduisant les délais d’instruction des dossiers du droit d’asile ou les abus de l’Aide médicale d’Etat (AME).
Il affirme vouloir "régler vite" la question "des gens qui viennent avec un visa touristique, qui restent trois mois et ensuite se mettent à l’AME". "Personne ne défendra ces cas. Ils sont indéfendables", tranche-t-il, se défendant "d’avoir le discours du Rassemblement national".
Poussé à fournir un objectif chiffré de reconduites à la frontière, Emmanuel Macron met en garde contre le risque de voir les pays d’origine refuser le visa consulaire nécessaire au retour. Il finit par ajouter: "Mon objectif est de sortir tous les gens qui n’ont rien à faire là".
Il dit refuser d’avoir "un discours simplificateur sur l’immigration", déplorant "une grande hypocrisie" car "les secteurs de la restauration et du BTP ne fonctionnent pas" sans elle.
– "Echec de notre modèle" –
Revenant sur la polémique sur le voile relancée par un élu du RN le 11 octobre et qui a déchiré jusqu’au sein de sa majorité, Emmanuel Macron estime que l’on "a été pendant quinze jours l’otage de deux périls qu’il faut éviter: le communautarisme et le Rassemblement national, voilà pourquoi je n’ai pas voulu rentrer là-dedans".
Il relève un "échec de notre modèle (d’intégration par l’économie) qui se conjugue avec la crise de l’islam", crise qui "conduit à des formes très dures d’islam politique".
Mais pour lui, le problème n’est pas "la maman qui porte un voile et qui accompagne son enfant en sortie scolaire", mais "les enfants qui sont déscolarisés".
A gauche, plusieurs voix se sont élevées contre le choix de s’adresser à Valeurs Actuelles, comme le porte-parole du PCF Ian Brossat qui a fustigé "le choix de ce support, spécialisé dans la haine antimusulmans, qui propage la xénophobie la plus crasse à longueur de colonnes, n’a rien d’anodin".
"Le rôle du chef de l’Etat est d’assurer la cohésion nationale, ce qui ne passe en aucun cas par des clins d’œil appuyés à un électorat qui la tient pour impossible et qui rêve de la détruire", renchérit SOS racisme.
"La banalisation du pire franchit un nouveau palier", déplore le sénateur PS David Assouline.
"Manifestement il veut s’adresser à cet électorat très particulier de gens de droite, qui ont souvent tendance (…) à élever la température verbale contre l’islam, voire plus", a estimé sur LCI le député LFI Alexis Corbière, qui avait lui-même accordé un entretien à l’hebdomadaire.
Par avance, l’Elysée a voulu déminer la polémique, soulignant "la volonté de parler à tous les Français". "Il est important qu’il se livre à des exercices de pédagogie", a renchéri la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, à l’issue du Conseil du ministre.
C’est un "devoir de parler aussi d’immigration", pour ne pas laisser le sujet aux "extrêmes", a insisté le ministre du Logement Julien Denormandie.