Hassan de Monaco, un humoriste élevé au pays du bling bling
Des lycéens venant à l’école en hélicoptère, des rues lavées à la San Pellegrino: « Hassan de Monaco », premier humoriste issu de la Principauté, fait salle comble sur le Rocher, moquant son pays d’adoption et la soif de s’y intégrer de son paternel marocain.
Attablé près du marché, à deux pas d’une concession automobile de luxe, il explique: "La Principauté, c’est comme ma famille, c’est un truc que j’ai envie de sublimer dans mes spectacles. L’idée est que les gens comprennent que je me sens hyper chanceux."
Parler du prince Albert II ? "Si un jour je le rencontre, qu’on discute et que je trouve un angle qui me fait rire sans donner une image négative, je le ferai", assure-t-il.
Repéré au festival niçois des Fourres de rire en 2014, il a terminé parmi les six gagnants des Best de l’Humour 2018 et enchaîne les dates de spectacles: Londres en première partie du duo d’impro Odah et Dako, et bientôt à Paris, en Belgique, épaulé depuis peu par un agent. Sans lâcher son métier à l’hôpital où il n’a qu’une peur, "qu’on me mette l’étiquette de comique", et qui lui fournit l’autre grande veine d’inspiration de son spectacle.
"L’Arabe du 98, les gens ne vont peut-être pas comprendre ! Nous, on voit ce que ça veut dire, c’est notre code postal" (98000), s’amuse le président du Conseil national, le Parlement monégasque, Stéphane Valeri. "On est tellement caricaturés pour le bling bling, les gros bateaux, etc, qu’on en rit nous aussi. Mais il n’y a pas que des milliardaires à Monaco: Hassan est représentatif de cette population normale qui vit en Principauté".
"L’un des rares Arabes de Monaco"
Représentatif, Hassan ? Sans doute un peu, avec son physique de gendre parfait et son côté "bien élevé" décrit par la responsable d’une association qui l’a eu comme éducateur. Sur le papier, Hassan de Monaco, Moukfi de son vrai nom de famille, a en fait toujours un passeport marocain, doublé d’une carte de résident monégasque.
Lui-même explique, hilare sur scène, qu’il est "l’un des rares Arabes de Monaco", "un vrai, pas de Dubaï !", dit-il, élevé par un père obsédé par sa réussite, mettant des costumes pour chaque réunion de parents d’élève et veillant à ce que son aîné fréquente le petit Pierre-Emmanuel, fils d’ambassadeur, ou du moins seulement les bons élèves.
"Mon père me disait toujours +d’abord tu as le bac, et après, tu fais ce que tu veux !+, puis +d’abord, tu as un métier !+, puis +d’abord tu as ta maison+ et là j’ai commencé vraiment la scène", raconte Hassan.
Dans son spectacle, très autobiographique et largement remanié depuis 2016, Hassan joue beaucoup de ses origines dans la veine des pros du stand-up, Jamel Debbouze ou Thomas N’Gijol. Il mime son père au volant du Trafic ramenant la famille au Maroc chaque été, ou prodiguant des conseils de grammaire incongrus.
Dans un sketch, il introduit la princesse Stéphanie mais au final se gausse plus de son cher papa, très ému de prendre son fils en photo à côté d’elle, lors d’une simple remise de diplôme: "Dans ma famille au Maroc, tout le monde pense que je suis quelqu’un de très très haut placé !", se marre-t-il.
Xavier Lebreton, président des Estivales du Rire à Dinard en Bretagne, prend date pour le prochain spectacle: "Il y a encore du boulot, sur l’écriture et sur le rythme, c’est normal. Mais il a un truc en plus, il est sympa et sincère".