France: une commission ouvre la voie à l’expulsion d’un imam salafiste

Une commission composée de magistrats administratifs et judiciaires a ouvert jeudi la voie à l’expulsion de France d’un influent imam salafiste algérien, El Hadi Doudi, soupçonné d’avoir mené des prêches radicaux dans sa mosquée.

Les autorités locales avaient déjà ordonné le 11 décembre la fermeture pour six mois de la mosquée As-Sounna, où il officiait, en plein coeur de Marseille (sud-est).

Le ministre français de l’Intérieur Gérard Collomb a ensuite engagé une procédure d’expulsion à l’encontre de l’imam de 63 ans, également très actif sur internet, auquel sont reprochés des "actes de provocation explicite et délibérée à la discrimination, à la haine ou à la violence contre une personne déterminée ou un groupe de personnes", en l’occurrence les femmes, les juifs, les chiites, les personnes commettant l’adultère.

Dans son avis motivé sur cette demande d’expulsion, la commission relève que "l’analyse de l’idéologie propagée par M. Doudi, avec une forme d’impunité qui a longtemps prévalu, démontre que l’autre est nié dans sa singularité et son humanité. Il est identifié uniquement par rapport à son sexe et à son appartenance ou non à une race, une religion, une catégorie de personnes, ce qui est attentatoire aux principes fondamentaux de la République".

Détaillant une note blanche de services de renseignement, le président de la Commission avait énuméré, lors de l’audience qui s’est tenue mercredi, vingt-cinq prêches prononcés entre janvier 2013 et septembre 2017.

Questionné sur des propos très violents tenus en 2013 à l’encontre des caricaturistes de Mahomet et maintenus en ligne sur son site "assalafia.com" même après les attentats perpétrés en France, M. Doudi a expliqué que "tous les imams dans le monde ont parlé contre ces caricatures. J’ai dit qu’on était pas d’accord mais je n’ai pas incité les gens à les tuer, ni à manifester", s’est-il défendu.

Légitimant, selon les autorités, la mise à mort des mariés auteurs d’adultère, l’imam avait notamment indiqué: "Il m’est insupportable d’entendre des musulmans critiquer la lapidation, la qualifiant de barbarie, alors que la loi de Dieu y fait référence pour les personnes coupables d’adultère". "Oui, j’ai parlé de cela, a-t-il précisé à l’audience, car c’est la charia islamique mais je n’ai pas dit qu’il fallait pratiquer cette loi".

L’avocat de l’imam, Me Nabil Boudi, avait accusé de son côté les autorités d’avoir "extirpé quelques citations parmi des dizaines de milliers de prêches" pour fonder leur action. "Il peut s’agir de versets du Coran, de propos tronqués par la traduction ou de bouts de phrases", avait-il souligné.

Avec afp

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