Le directeur central du renseignement intérieur (DCRI), Bernard Squarcini, a été mis en examen notamment pour "atteinte au secret des correspondances", "collecte illicite de données" et "recel du secret professionnel", mais n’a pas l’intention de démissionner, a affirmé son avocat, Patrick Maisonneuve.
Un autre chef de la police, le directeur général de la police nationale (DGPN), Frédéric Péchenard, doit également être entendu ultérieurement par la magistrate.
Bernard Squarcini et Frédéric Péchenard sont considérés comme des proches du président français Nicolas Sarkozy.
La juge Sylvie Zimmermann cherche à déterminer leur rô le dans une enquête de la DCRI à l’été 2010 comprenant l’analyse de factures téléphoniques détaillées de journalistes du Monde pour identifier les sources du quotidien dans cette affaire.
"Ayant assumé la responsabilité des vérifications techniques qui ont été effectuées par ses collaborateurs, M. Squarcini a donc été mis en examen", a dit son avocat à l’issue de près de cinq heures d’audition.
Le candidat socialiste à la présidentielle François Hollande s’est "étonné" lundi soir que le ministre de l’Intérieur Claude Guéant "n’ait pas déjà prononcé la démission" de Bernard Squarcini. "Cette faute devrait être immédiatement sanctionnée", a-t-il dit.
Le gouvernement décidera du sort de M. Squarcini "au terme de la procédure judiciaire", lui a répondu le Premier ministre François Fillon, rappelant le principe de la présomption d’innocence.
Dans cette enquête, le numéro 2 de la DCRI, Frédéric Veaux, a déjà été entendu, le 10 octobre, comme témoin assisté par la magistrate. Il n’avait pas été mis en examen.
L’affaire Bettencourt est née d’un différend familial entre la riche héritière des cosmétiques L’Oréal, Liliane Bettencourt, et sa fille.
Elle a rapidement dégénéré en un scandale politico-financier, mêlant soupçons de favoritisme et de financement politique illégal, qui a coûté son poste fin 2010 de ministre du Travail à Eric Woerth. Ce dernier avait été le trésorier de la campagne de Nicolas Sarkozy pour l’élection présidentielle de 2007.
Un haut magistrat, Philippe Courroye, procureur de Nanterre (près de Paris), devait aussi être entendu dans cette affaire et risquait une mise en examen (inculpation). Mais son audition a été reportée sine die, début octobre, pour des questions de procédure.