France: les Loups gris, groupe ultra-nationaliste turc, dissous

 Le groupe ultra-nationaliste turc Les Loups Gris, impliqué dans de récentes actions violentes contre la communauté arménienne en France, a été dissous mercredi lors du conseil des ministres, a annoncé sur Twitter le ministre français de l’Intérieur.

« Le mouvement des Loups gris a été dissous en conseil des ministres, conformément aux instructions du Président de la République », a tweeté le ministre, Gérald Darmanin, estimant dans son décret que ce groupuscule « incite à la discrimination et à la haine et est impliqué dans des actions violentes ».

Cette dissolution intervient dans un contexte diplomatique fortement dégradé entre Paris et Ankara depuis l’an dernier, en raison notamment de désaccords sur la Syrie, la Libye et la Méditerranée orientale.

L’Organisation de la jeunesse idéaliste, le nom d’origine du groupe, a été fondée dans les années 1970 pour soutenir l’action du Parti d’action nationale (MHP) d’Alparslan Turkes, la plus importante figure du nationalisme turc fascisant, et favoriser son accession au pouvoir.

Alparslan Turkes, un militaire dont la carrière fut interrompue en raison de ses opinions extrémistes pan-turques, voulait « libérer tous les Turcs vivant entre le Caucase et la Grande Muraille ». En mai 1944, il participe à une tentative de putsch contre le président Ismet Inonu visant à ranger la Turquie aux côtés de l’Allemagne hitlérienne.

Durant les années 1970, les militants d’extrême-droite constituent des bandes armées violentes ciblant la gauche, l’extrême-gauche turque et les minorités religieuses et ethniques du pays.

Certains, qui se font appeler les « Idéalistes », forment les Loups gris, un nom inspiré d’un personnage de la mythologie turcophone. Son drapeau frappé de trois croissants et le symbole du loup deviennent alors les signes de ralliement de milliers de sympathisants d’extrême droite.

Ces bandes armées seront soupçonnées de nombreux meurtres dans les années 1970.

A la mort de M. Türkes en 1997, Devlet Bahceli prend les rênes du MHP, considéré comme une formation violente en raison notamment des exactions attribuées aux Loups gris. Bien que considéré comme un faucon nationaliste, le nouveau chef du MHP est crédité d’avoir jugulé les violences de la milice.

En 1981, l’extrémiste turc Mehmet Ali Agca tente d’assassiner le pape Jean-Paul II alors qu’il est recherché par la Turquie pour une série de délits et pour ses liens avec les Loups gris.

Le groupe est revenu sur le devant de la scène politique ces dernières années en Turquie en raison de son rapprochement avec le pouvoir de Recep Tayyip Erdogan, dont il ne partage toutefois pas le discours religieux marqué.

Le MHP est devenu le principal allié au Parlement de l’AKP, le parti islamo-conservateur du président turc. M. Erdogan s’est notamment allié aux ultranationalistes pour mettre en oeuvre une révision constitutionnelle qui a renforcé ses pouvoirs lors d’un référendum en 2017.

En France, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait annoncé lundi la dissolution imminente des Loups Gris en dénonçant leur caractère « agressif, pour ne pas dire plus », dans un contexte de crise diplomatique aigüe entre Paris et Ankara autour du droit aux caricatures religieuses.

Les Loups gris, dont le nombre de membres est difficile à quantifier, sont accusés par le gouvernement d’avoir participé à des incidents récents entre les communautés turque et arménienne près de Lyon.

Les tensions entre ces deux diasporas, récurrentes depuis des décennies, sont exacerbées depuis le déclenchement en septembre d’une guerre dans la région indépendantiste du Nagorny-Karabakh, opposant l’Arménie et l’Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie.

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