France: l’Insee abaisse à son tour ses prévisions de croissance

Après la Banque de France, l’Insee a abaissé à son tour mardi ses prévisions de croissance pour la France cette année, tout en tablant sur un rebond de la consommation l’an prochain après les mesures sociales annoncées par Emmanuel Macron.

Après avoir atteint l’an dernier 2,2% (2,3% en données corrigées des jours ouvrés), la croissance française connaîtra un net ralentissement cette année pour revenir à 1,5%, moins que les 1,7% attendu par le gouvernement.

L’Insee a ainsi raboté de 0,1 point sa prévision précédente, à l’image de la Banque de France (BdF) jeudi dernier, qui a également abaissé son pronostic pour 2019 à 1,5%.

Pour sa part, l’institut statistique n’a pas communiqué sa prévision pour l’an prochain, mais il estime que l’acquis de croissance au premier semestre devrait être de 1%, avec une hausse estimée à 0,4% au premier trimestre et à 0,3% au second.

Sur le quatrième trimestre, elle a divisé par deux et amputé de 0,2 point sa prévision précédente à 0,2%, comme la BdF, imputant ce ralentissement au climat des affaires, mais aussi au mouvement des "gilets jaunes", malgré une "accélération du pouvoir d’achat" sur la fin de l’année.

"Nous avons revu à la baisse la prévision de consommation des ménages sur le trimestre", a expliqué Julien Pouget, chef du département de la conjoncture de l’Insee lors de la présentation à la presse de la note de conjoncture.

"Dans notre scénario, le mouvement des gilets jaunes représente 0,1 point de croissance trimestrielle en moins au quatrième trimestre, mais il n’est pas exclu que l’impact soit plus important", a-t-il précisé.

Dans ce contexte, la bonne nouvelle pour le gouvernement pourrait venir de la consommation en début d’année prochaine, qui pourrait bénéficier de mesures comme la baisse de la taxe d’habitation et des cotisations sociales, qui s’ajoutent au recul du prix du pétrole.

L’institut de statistiques estime ainsi que le pouvoir d’achat des Français progressera de 1,4% en 2018, comme l’année précédente, grâce à une forte accélération sur le dernier trimestre due aux mesures gouvernementales et à la baisse du pétrole.

"Il y un certain nombre de mesures annoncées pour soutenir le pouvoir d’achat", dévoilées le 10 décembre par le président Macron, a expliqué M. Pouget, qui estime à 2% l’acquis de croissance pour le pouvoir d’achat au premier semestre de la l’année prochaine.

"Cela vient nourrir notre hypothèse de redressement de la consommation des ménages en début d’année", a-t-il souligné.

Pour l’Insee, les principales incertitudes pesant sur la croissance sont le protectionnisme à l’international, le Brexit en Europe et le mouvement des "gilets jaunes" en France.

Pour Frédéric Tallet, chef de la section synthèse conjoncturelle de l’Insee, "les gains prévus pour le début de l’année prochaine permettraient ainsi de soutenir la consommation et de compenser la faiblesse des contributions des autres composantes de la demande".

Selon lui, le repli touche principalement l’industrie et les services.

En revanche, M. Tallet ne s’attend qu’à un effet "limité" et "modéré" du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) sur le chômage l’an prochain, qui devrait très légèrement baisser à 9% au printemps contre 9,1% au troisième trimestre de cette année.

"Au total, 107.000 emplois seraient créés en 2018, en net ralentissement par rapport à 2017 (+341.000)", a souligné l’Insee, qui ne s’attend qu’à la création de 64.000 emplois au premier semestre 2019, dont près de 30.000 grâce au CICE.

Cette mesure va peser lourdement sur le déficit public en 2019: l’État devra payer "double" en supportant le remboursement du CICE pour 2018 et la baisse de cotisations pour l’année en cours, soit un total de 40 milliards d’euros.

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