Faible reprise de l’agroalimentaire en vue en 2010-2011

La reprise des industries alimentaires en France ne se fera réellement sentir qu’à partir de 2011, freinée jusque-là par un environnement instable qui pèse sur la consommation, prévoit l’Ania, l’organisation patronale de ce secteur clé de l’économie française.

Jean-René Buisson, qui préside l’Association nationale des industries alimentaires, a cependant observé mardi que le secteur avait moins souffert l’an dernier que les autres industries, ce qui explique aussi "que la reprise s’annonce plus faible".

"Certains indicateurs, tels que la morosité au niveau mondial ou encore la consommation en berne, entraînent une grande prudence des patrons du secteur. (….) Selon différents indicateurs, tout porte malheureusement à croire que la reprise ne se fera réellement sentir qu’à partir de 2011", a-t-il dit lors d’une conférence de presse.

La croissance des volumes s’accélérera en 2010 (+2,5% contre +0,9% en 2009) mais devrait décélérer à 0,7% en 2011, prévoit l’Ania, pour qui "le risque de défaillances d’entreprises est à craindre" dès cette année.

Dans ce contexte, les effectifs seront stables cette année et les investissements "prudents", après leur baisse de 14% en 2009 à 3,8 milliards d’euros.

En outre, "les patrons restent assez pessimistes quant à l’amélioration de leur marge" qui ont diminué d’un point en 2009, à 5,1%. L’Ania juge que ce n’est qu’à partir de 2011 que le niveau de marge d’exploitation des industriels du secteur s’améliorera pour se rapprocher de celui de 2008.

LA DISTRIBUTION MISE EN CAUSE

Le secteur agroalimentaire est le premier de l’industrie française avec un chiffre d’affaires de 139 milliards d’euros, en baisse de 7,9% en 2009 quand celui de l’automobile a chuté de 17% et celui de l’ensemble de l’industrie de 12%.

Avec ses 10.000 entreprises et ses 400.000 salariés, c’est le deuxième pourvoyeur d’emplois en France, derrière l’automobile.

Au fil des années, l’industrie a perdu du terrain parmi les grands exportateurs mondiaux, se classant aujourd’hui au quatrième rang derrière les Pays-Bas, l’Allemagne et les Etats-Unis.

L’industrie alimentaire française a exporté l’an dernier 31,9 milliards d’euros de produits transformés, ce qui a représenté une baisse de 9,2% par rapport à 2008.

"Selon les années, nous étions premier ou deuxième exportateur. Mais depuis 2000 la France a perdu du terrain quand l’Allemagne en a gagné, aidé par des coûts de production plus faibles", a commenté Jean-René Buisson.

Observant que 93% des entreprises du secteur comptent moins de 53 salariés et 72% moins de 20 salariés, il a jugé qu’il fallait "trouver un moyen pour que les entreprises arrivent à se regrouper et avoir une meilleure force de frappe".

Jean-René Buisson, qui est par ailleurs secrétaire général de Danone
"Les distributeurs n’appliquent pas le dispositif de la loi (…) et le pouvoir exécutif les protège alors même que l’on n’est pas en période d’inflation. Il n’y a qu’en France où une industrie peut passer par-dessus bord un processus législatif", a-t-il dit.

Enfin, Jean-René Buisson déplore une stigmatisation de l’industrie agroalimentaire face à la montée de l’obésité qui devrait conduire le gouvernement à présenter prochainement un plan contre ce problème de santé publique.

"On se sert de l’agroalimentaire pour trouver des sous pour combler le trou de la Sécurité sociale. Continuons et on verra où on mettra les usines dans les années qui viennent", s’est insurgé Jean-René Buisson.

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