Le président américain a annoncé l’annulation des manoeuvres militaires conjointes prévues avec l’armée égyptienne prochainement, alors que Washington est le soutien historique de l’Egypte dans la région.
S’exprimant depuis son lieu de villégiature de Martha’s Vineyard (Massachussets, nord-est), Barack Obama a estimé que le pays, placé sous état d’urgence pour un mois, se trouvait sur une "voie dangeureuse" tout en soulignant qu’il appartenait aux Egyptiens de déterminer leur propre avenir après la destitution du président islamiste élu Mohamed Morsi le 3 juillet par l’armée.
En Europe, plusieurs pays ont convoqué ces dernières heures l’ambassadeur d’Egypte dans leur capitale (France, Allemagne, Italie, Grande-Bretagne, Espagne) pour condamner l’usage de la force.
Le président français François Hollande a convoqué en personne l’ambassadeur Mohamed Kamal pour lui dire que "tout doit être mis en oeuvre pour éviter la guerre civile" dans son pays.
"La libération de prisonniers, dans le respect des procédures judiciaires en cours, pourrait constituer un premier pas vers la reprise de pourparlers", selon un communiqué de la présidence française, qui plaide pour une "solution politique", souhaitant que "des élections soient organisées dans les meilleurs délais".
L’Espagne a exprimé "son inquiétude pour la déclaration d’état d’urgence et demande sa levée le plus rapidement possible, et demande également que soit évité toute nouvelle effusion de sang", selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
"Dans ce moment critique, il est particulièrement important que les forces de sécurité et les manifestants agissent avec la retenue nécessaire afin d’éviter les conséquences irréversibles de la violence", a ajouté le ministère.
Pour la responsable de la diplomatie italienne Emma Bonino, la répression contre les partisans de Morsi est "brutale, inacceptable et inexcusable". "L’armée sert à protéger contre les menaces externes, pas à tirer sur la population" a-t-elle lancé.
Alors que les autres pays européens ont soigneusement évité l’emploi du mot "coup d’Etat", la Norvège a estimé que la situation en Egypte présente "toutes les caractéristiques d’un coup d’Etat militaire".
La Turquie, pays à cheval entre l’Europe et le Proche-Orient, a très vivement réagi aux scènes de violence de la veille dans ce pays arabe de 82 millions d’habitants.
"Le Conseil de sécurité des Nations unies doit rapidement se réunir pour discuter de la situation en Egypte", a déclaré devant la presse le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, chef du parti de la Justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) et qui a dès le début qualifié de "coup d’Etat" la destitution par l’armée du président Morsi.
"J’en appelle aux pays Occidentaux : vous n’avez rien dit à Gaza, en Palestine, en Syrie où plus de 100.000 personnes ont été tuées (….) Vous n’avez rien dit et vous ne dites rien en Egypte. Comment alors pourrez-vous parler à ce stade de la démocratie, de la liberté et des droits de l’homme", a lancé M. Erdogan à l’adresse des Européens et des Américains dont il a dénoncé "l’hypocrisie".
Si Israël n’a pas officiellement réagi aux événements en Egypte, la Chine s’est dite "très préoccupée" et a appelé à la "retenue". Pékin "espère que toutes les parties vont faire primer l’intérêt de la nation et de la population, en faisant preuve de toute la retenue possible, afin d’éviter de nouvelles victimes", a indiqué le ministère des Affaires étrangères.
Le pape François a, de son côté, prié jeudi pour les victimes des violences, ainsi que "pour la paix, le dialogue et la réconciliation".
