Drancy : l’imam anti-burqa s’est-il vraiment fait agresser ?

Que s’est-il réellement passé lundi soir dans la mosquée de Drancy ? Le doute plane. Les incertitudes sont nombreuses. Les témoignages divergent. Mardi matin, un conseiller de l’imam de Drancy confiait au point.fr qu’un « commando islamiste » de quatre-vingts personnes aurait fait irruption dans la mosquée de Drancy, en Seine-Saint-Denis, lundi soir, en proférant des menaces à l’égard de l’imam Hassen Chalghoumi.

Drancy : l
Selon ce conseiller, "le commando a forcé le passage et certains d’entre eux se sont emparés du micro après une bousculade, alors que des fidèles tentaient de s’interposer. Le commando a alors adressé des menaces et des anathèmes à l’adresse de l’imam, le traitant de mécréant , de renégat , d’ apostat et affirmant : on va liquider son cas, à cet imam des juifs, avant d’apostropher l’association de la mosquée en lui demandant de se démarquer de l’imam sans quoi ils se retrouver[aie]nt dans le même sac. (…) Il n’y a pas besoin de faire bac + 5 pour comprendre que les termes employés équivalent à une fatwa", décryptait-il.

Des témoignages discordants ont été recueillis par des journalistes de l’AFP. Deux plaintes pour "dénonciation calomnieuse" ont même été déposées mardi soir contre Hassen Chalghoumi à la suite de la plainte contre X pour "menaces de mort" qu’il avait lui-même déposée auparavant.

"Faux témoignages"

Une affaire lourde de conséquences, qui contraint les autorités à prendre position. Jean-Christophe Lagarde, député-maire de Drancy, a son idée sur la question, et confirme dans leur quasi-intégralité les dires du conseiller de Chalghoumi. "Manifestement, une trentaine de personnes a pénétré discrètement dans la mosquée, en entrant une par une. Ces personnes ont ensuite saisi le micro des mains de l’imam présent – Hassen Chalghoumi n’officiait pas ce soir-là. Lesdites personnes ont proféré des anathèmes à l’adresse de Chalghoumi, alors que des fidèles habitués de cette mosquée leur demandaient de partir, entraînant quelques bousculades", raconte au point.fr le député-maire Nouveau Centre, à qui des fidèles fréquentant régulièrement la mosquée ont rapporté ce à quoi ils avaient assisté. Les personnes indésirables seraient ainsi restées une demi-heure à l’intérieur de l’édifice religieux, avant de rester à nouveau une demi-heure devant la mosquée.

"Ce qui est certain, c’est qu’il y a bel et bien eu une tentative d’intimidation", affirme Jean-Christophe Lagarde. Et de déplorer que de faux témoignages aient été délivrés à des journalistes à la sortie de la mosquée, le lendemain des faits. "On a pu lire dans la presse qu’une réunion sur la burqa avait lieu dans la mosquée au moment de l’irruption de ces personnes : c’est absolument faux. D’aucuns accusaient également Chalghoumi d’avoir dans un premier temps affirmé qu’il était sur les lieux ce soir-là : faux, là encore, puisque le groupe ayant proféré des anathèmes a fait appeler l’imam Chalghoumi pour lui demander de se rendre sur place sur-le-champ". Selon lui, il est fort probable que de "faux témoins" aient été envoyés sur place afin de semer le trouble dans l’opinion publique. "Il va y avoir des témoignages écrits de fidèles qui étaient présents ce soir-là", assure-t-il. De précieuses confessions, qui permettront sans doute d’établir la vérité.

Ce n’est pas la première fois que les regards se tournent vers Hassen Chalghoumi . L’imam s’est dernièrement prononcé en faveur d’une loi interdisant la burqa en France. Auparavant, il était devenu "l’imam du rapprochement" pour avoir reconnu la singularité de la Shoah, ce qui lui a valu d’être décrié dans sa propre communauté, et parfois même surnommé "l’imam des juifs".

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