Donald Trump, un nouveau procès de destitution sans suspens

Un an après l’acquittement de l’ancien président américain Donald Trump dans son procès de destitution au Sénat dans le cadre de l’affaire ukrainienne, voilà que les sénateurs démocrates et républicains se réunissent à nouveau mardi pour cet exercice aux allures de remake hollywoodien.

Un remake certes, mais bien différent du premier procès. Dans la forme d’abord. Malgré leurs divergences sur à peu près tous les sujets, démocrates et républicains semblent s’accorder sur le fait qu’il faut boucler ce procès le plus rapidement possible.

Pour les démocrates, un procès prolongé de trois semaines, à l’instar de celui d’il y a un an, risque de compromettre leurs efforts pour adopter l’ambitieux « Plan de secours américain » tant désiré par le président Joe Biden. En effet, un sénat qui tient un procès de destitution est un sénat qui ne vote pas sur les législations en attente. Par ailleurs, chaque jour passé à débattre de la culpabilité de Trump est une occasion ratée pour les démocrates de confirmer les membres de cabinet du président, causant des retards significatifs dans la mise en œuvre des promesses électorales de Biden.

De leur côté, les républicains veulent à tout prix éviter un long procès qui risque de compromettre davantage l’image d’un parti divisé après l’assaut tragique du 6 janvier contre le Capitole, temple de la démocratie américaine.

Sur le fond, l’argumentaire des managers démocrates de la Chambre des représentants, qui feront office de « procureurs » lors du procès au Sénat, est assez simple: Trump est accusé « d’incitation à l’insurrection ». Pour convaincre les Américains du bien-fondé de leur accusation, les démocrates comptent s’appuyer sur les images choquantes de l’invasion du Capitole, en prenant les législateurs eux-mêmes comme témoins, puisqu’il s’en fallait de peu qu’ils ne soient attaqués par les assaillants.

Contrairement au procès de 2020, les démocrates n’ont pas l’intention de solliciter des experts pour témoigner, une démarche qui risquerait de prolonger la durée de l’affaire. Bien qu’ils aient demandé à Trump de témoigner en personne, les avocats de ce dernier ont vite rejeté cette requête.

Selon les observateurs, les démocrates ne comptent pas insister pour faire témoigner le 45ème président américain, d’une part pour ne pas faire traîner le procès, et de l’autre, car ils comptent s’appuyer sur ses nombreux tweets dans les semaines et les jours ayant précédé l’assaut contre le Capitole et, surtout, son discours prononcé devant la Maison Blanche quelques heures avant l’invasion du Congrès.

Pour leur part, les avocats de Trump veulent déployer une stratégie ciblant la procédure elle-même, avec un raisonnement clair: Trump ne peut pas être destitué car il n’est plus président.

Pas plus tard que dimanche, le sénateur républicain Rand Paul a étayé cette thèse, qualifiant le procès de « farce partisane » et estimant que Trump a « zéro chance » d’être condamné.

L’issue du procès, ne fait, quant à elle, l’objet d’aucun suspens. Le 26 janvier, le sénateur Paul a soumis une motion au Sénat dans laquelle il s’opposait au procès de destitution de l’ancien président Trump, arguant qu’une telle démarche était inconstitutionnelle.

Malgré leurs sorties médiatiques très critiques envers l’ancien président après les évènements du 6 janvier, au bout du compte, seuls cinq sénateurs républicains ont joint leurs votes à ceux des démocrates pour surmonter la motion du sénateur Paul. Or, outre la totalité des démocrates, il faudrait que 17 sénateurs républicains votent contre Trump lors du procès pour qu’il soit « destitué », un scénario très improbable.

Mais pour les démocrates, et certains républicains, l’enjeu de ce procès n’est pas l’acquittement ou la destitution de Donald Trump. Il s’agit plutôt de démonter, une bonne fois pour toute, les arguments de certains élus républicains qui ont soutenu les thèses de fraude électorale après l’élection du 03 novembre dernier. Il s’agit, aussi, d’écorner l’image d’un Trump toujours aussi populaire auprès des républicains afin d’éviter qu’il ne se présente pour une nouvelle élection en 2024.

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