« It’s a Boy or it’s a Girl ? »: la « Gender Reveal Party » plus tendance que jamais
It’s a Boy or it’s a Girl ? Telles sont les inscriptions qui apparaissent sur la décoration, gâteaux et confettis, généralement de couleur rose et bleue, minutieusement confectionnés pour célébrer une « Gender reveal party », une cérémonie qui pullule de plus en plus sur les réseaux sociaux.
Venue tout droit des États-Unis, pour compléter la coutume du “Baby Shower” (célébration de la grossesse et l’arrivée imminente du bébé), la “Gender Reveal party” que l’on peut traduire par « fête pour révéler le sexe du nouveau-né » est presque devenue un passage incontournable pour les parents.
En effet, cette nouvelle fête connaît une notoriété, qui ne cesse de grandir depuis que la première célébration de ce genre a été lancée en 2008 par l’activiste et écrivaine américaine Jenna Karvunidis.
Le principe de cet événement trendy est simple. Généralement, les parents demandent au gynécologue lors de l’échographie de glisser dans une enveloppe fermée le sexe du fœtus. Celle-ci sera alors confiée à une agence organisatrice ou tout simplement à un ami ou un proche, qui sera chargé de trouver un moyen original et festif pour faire découvrir le secret bien gardé aux parents comme aux invités.
Aujourd’hui, la toile regorge de vidéos montrant les futurs parents entourés de leurs amis et familles en train de découvrir, dans une ambiance joviale, s’ils attendent une fille ou un garçon. Si au départ, le concept de la « Gender reveal » consistait à percer un ballon de baudruche dont s’échapperont des confettis roses ou bleus, découper un gâteau fourré à la crème d’une des deux couleurs ou tout simplement exploser des pétards qui dégagent une fumée d’une couleur attitrée au sexe du bébé, il a viré à l’obsession et à l’excès sous l’effet des médias sociaux et de leur quête du spectaculaire. Les parents ou organisateurs de cet événement s’engagent dans une compétition féroce pour surpasser les idées classiques et habituelles afin d’avoir une fête hors du commun.
Toutefois, les images et les publications de type « Gender reveal » génèrent une large interaction de la part des internautes. Ces vidéos créent facilement le buzz et deviennent vite virales.
Septembre dernier, le couple de youtubeurs Anas et Assala ont publié la vidéo de “la plus grande révélation de sexe de bébé jamais vue”. Le couple a réservé la plus haute tour du monde, le Burj Khalifa, pour apprendre à leurs sept millions d’abonnés qu’ils attendaient un garçon. Les images de la tour aux 828 mètres, illuminée en bleu, ont été vues des millions de fois et ont beaucoup fait réagir la toile. Des réactions positives saluant la créativité et le côté émotionnel de la vidéo, mais aussi négatives critiquant la nécessité d’allumer près d’un kilomètre de bâtiment pour célébrer l’arrivée d’un petit garçon.
En Floride, une autre façon surprenante pour dévoiler le sexe d’un nouveau-né a beaucoup surpris les adeptes du web. Un couple américain a choisi de révéler que le fœtus est un garçon à l’aide d’un alligator. Filmée et partagée sur Facebook, la scène montre un liquide bleu coulé du museau de l’animal après avoir croqué une pastèque.
Dans ce même registre, les « Gender reveal prank » connaissent un beau succès sur les réseaux sociaux. Il s’agit de filmer les farces que font certains chargés de l’organisation de la cérémonie aux parents. Avant de découvrir si c’est un garçon ou une fille, les parents subissent quelques drôles de plaisanteries. Ce qui rend la fête encore plus amusante et inoubliable.
Aussi, les vidéos de « Gender reveal » montrant l’insatisfaction de certains parents, ou le mécontentement des frères et sœurs par rapport au verdict divertissent beaucoup les internautes.
Tout ce brouhaha sur les médias et les réseaux sociaux qui tourne, il y a quelques années maintenant, autour de la tendance de la « Gender reveal », fait que cette dernière est souvent critiquée pour son absurdité et parfois même pour sa dangerosité. La pionnière de cette fête regrette aujourd’hui d’être à l’origine de la popularité de ce phénomène auprès des jeunes parents.
« Je suis très mitigée quant à ma contribution fortuite à la culture. C’est devenu complètement fou par la suite », s’exprime l’activiste dans une publication sur ses réseaux sociaux. Jenna Karvunidis déplore aussi la tournure prise par cet événement qui mise de plus en plus sur des mises en scène de plus en plus dangereuses et « too much » : tire d’arme, feu de forêt, explosions …
Au Maroc, on n’en est pas encore là, mais l’idée des « Gender reveal parties » commence à être importée progressivement. De plus en plus de parents marocains se plient à ce rituel mais de façon plus intime et plus soft qui n’a, pour l’heure, rien à voir avec les excès observés outre-Atlantique.
Approchée par la MAP, Magui, directrice d’une société qui planifie des événements, affirme qu’elle n’est pas beaucoup sollicitée pour organiser des « Gender reveal ». « Rares sont les Marocains qui confient l’organisation de cette fête à des professionnels », répond Magui.
Généralement, « ce sont plus les familles aisées et les influenceurs qui ont recours à des spécialistes pour ce genre d’événements », ajoute-t-elle. On peut citer comme exemple les créatrices de contenu Douja Belkhayat ou Sofia Belkamel dont les images de leurs révélations ont été vues 175 mille et 291 mille fois respectivement.
Quant aux futurs parents marocains “lambda”, ils préfèrent organiser la cérémonie eux-mêmes à l’aide de leurs amis ou familles. « Pour annoncer l’arrivée de mon petit garçon à mes proches, je me suis chargée moi-même de la décoration et de l’animation de ma ‘Gender reveal party’. Aujourd’hui, tout est disponible sur le commerce en ligne et les inspirations ne manquent pas non plus, il suffit juste de faire un petit tour sur le net », se confie Siham, une maman de 27 ans.
Ceci dit, depuis que Jenna Karvunidis avait partagé sur son blog la cérémonie de la révélation du sexe de sa fille aînée, il y 12 ans maintenant, la « Gender reveal » jouit d’une cote grandissante.
Bien que cette fête soit un rituel inéluctable pour certains et une occasion pour se réunir et s’amuser pour d’autres, elle reste quand même critiquée. Nombreuses sont les personnes qui voient en ce moment de révélation une illustration du fait que les stéréotypes de genre l’emportent sur la considération première que l’enfant à naître est tout simplement un être humain, peu importe son sexe. Faut-il alors arrêter ces célébrations et mettre fin à la tendance de la « Gender reveal » ?