Deux anciens Premiers ministres de Macron n’épargnent pas le président
La démission lundi du Premier ministre français Sébastien Lecornu quelques heures après la formation de son gouvernement a ouvert une crise politique inédite. Cette crise a plongé le président Emmanuel Macron dans un isolement au point que deux de ses anciens Premiers ministres l’ont ouvertement critiqué.
Edouard Philippe et Gabriel Attal, deux Premiers ministres qui doivent tout à Emmanuel Macron, ont pointé du doigt la responsabilité du président Macron dans le chaos actuel.
Sur RTL ce mardi matin, Edouard Philippe a demandé à Emmanuel Macron une élection « présidentielle anticipée » après le vote du budget.
« On ne va pas faire durer ce que nous vivons depuis six mois pendant 18 mois encore, c’est beaucoup trop long », a estimé l’ex-Premier ministre.
Pour sortir de la crise après la démission de Sébastien Lecornu, le patron d’Horizons suggère la nomination d’un Premier ministre chargé des affaires courantes et, surtout, de construire un budget pour 2026. Mais il demande à Emmanuel Macron d’organiser ensuite une « élection présidentielle anticipée, c’est-à-dire qu’il part immédiatement après que le budget ait été adopté ».
« Je ne suis pas du tout sur la ligne des insoumis. (…) Je ne suis pas pour sa démission immédiate et brutale », a tenu à préciser Edouard Philippe.
L’annonce d’une présidentielle anticipée pour début 2026 « serait de nature à donner un peu de visibilité à tout le monde », a avancé Edouard Philippe, lui-même candidat à la prochaine présidentielle. « Face à cette mise en cause terrible de l’autorité de l’Etat, il doit prendre la décision qui est à la hauteur de sa fonction, c’est de garantir la continuité des institutions en partant de façon ordonnée », a-t-il jugé.
L’ancien Premier ministre d’Emmanuel Macron estime que le chef de l’Etat, « en prenant des décisions à contretemps, s’est placé dans cette situation ».
« Il n’avait pas à dissoudre [l’Assemblée nationale en 2024], on utilise la dissolution pour régler une crise politique. On ne l’utilise pas pour déminer je ne sais quoi ou à sa convenance personnelle. Quand on est chef de l’Etat, on ne se sert pas des institutions, on les sert », a-t-il cinglé.
Il s’est dit opposé à une nouvelle dissolution car « le risque terrible d’une dissolution, c’est qu’il n’y ait pas de majorité ».
Quant à Gabriel Attal, invité lundi du 20 heures de TF1, il a vivement remis en cause les méthodes d’Emmanuel Macron, estimant que l’exécutif s’enferme dans une impasse et appelle à revoir en profondeur la manière de gouverner.
Il a également affirmé « ne plus comprendre l’action du président », notant que la mission confiée à Sébastien Lecornu de mener une ultime négociation démontre « une forme d’acharnement à vouloir garder la main ».
« Depuis un an, ce qui a été fait, c’est toujours nommer le qui avant le quoi. Nommer un Premier ministre avant d’entamer des négociations », a-t-il encore reproché. Selon lui, il faudrait d’abord « se mettre autour de la table entre forces politiques, autour d’un ou plusieurs négociateurs indépendants, etse mettre d’accord sur le budget ». Ce n’est qu’ensuite que devrait intervenir la nomination d’un gouvernement.
