Un collectif national regroupant onze partis politiques et organisations civiles a signé un communiqué commun, selon lequel la visite du président Hollande a été accompagnée de dépassements politiques et économiques abusifs au détriment de l’Algérie. Selon le collectif, "le président français s’est permis de s’immiscer dans les affaires intérieures de l’Algérie, en annonçant un amendement constitutionnel qui n’était même posé à la discussion, et a défié directement le peuple algérien, en refusant de reconnaître les crimes commis par la colonisation française". Ces partis considèrent que "le président Hollande n’a pas respecté un Etat souverain, et s’est comporté comme s’il était venu inspecter un district français. Il a signé des conventions qui servent l’intérêt du peuple français, et a quitté l’Algérie au rythme d’un raffut folklorique qui n’est plus au goût de l’époque".
D’après le collectif, "le président français s’est comporté en Algérie, partant de sa foi de l’illégitimité du régime algérien en place, qui est fondé sur la falsification, la fraude, la confiscation de la volonté du peuple, et la dilapidation de l’argent des Algériens, pour acheter le silence du citoyen et la conscience des grandes puissances". Il a accusé Bouteflika "de présenter des concessions à la France pour lui confisquer un laissez-passer pour un quatrième mandat".
Les partis algériens trouvent cette visite "négative et n’a pas concrétisé ce à quoi aspirait le peuple algérien en termes de reconnaissance, d’excuses et de réparation pour les crimes de la colonisation, de règlement des problèmes historiques, et de normalisation des dossiers en suspens". Ils ont exprimé leur "consternation et leur choc envers le déroulement de cette visite qui a réalisé l’intérêt de la France, en escamotant les revendications légitimes de l’Algérie". Ils ont dénoncé "l’absence d’audace des responsables algériens pour poser les questions liées à la facilitation de la circulation des personnes, la situation de la communauté algérienne en France, le transfert de technologie, la clôture du dossier des harkis et des pieds noirs, et le dossier du Nord du Mali".
Les partis ont mis en doute les conventions signées, "empreintes de confidentialité suspecte, et ont exigé le droit de l’opinion publique algérienne d’en connaître la teneur." Le communiqué estime que "les autorités ont essayé de berner l’opinion publique nationale quant à la réalité des conventions économiques signées lors de cette visite", affirmant que "le régime algérien s’est plié aux desiderata des entreprises françaises, de monopoliser le marché algérien et de le fermer devant toute concurrence ou investissements venant d’autres pays", en allusion à la condition posée par Renault à l’Algérie de ne signer aucun accord avec une autre société d’industrie automobile dans les trois ans. Une condition qualifiée comme "une consécration de l’esprit hégémonique et l’élargissement du cercle de la dépendance".
Ce communiqué a été signé par le président du mouvement de la société pour la paix, Abu Jarra Soltani, le président du parti Nouvel Aube, Taher Ben Aïch, le président du mouvement Ennahdha, Fateh Rabiï, le président du mouvement des patriotes libres, Abdelaziz Gharmoul, le président du front national algérien, Moussa Touati, le président du front de la nouvelle Algérie, Ahmed Ben Abdessalem, la présidente du parti de l’équité et de la proclamation, Naïma Salhi, le président du parti républicain progressiste, Idriss Khadhir, le président du front de la jeunesse démocratique pour la citoyenneté, Ahmed Kouaria, le président du parti du rassemblement national républicain, Abdelkader Moubarmah, ainsi que le porte-parole de l’instance algérienne de la défense de mémoire, Lakhdar Bensaïd. Ces forces ont annoncé leur souci de concrétiser les revendications de reconnaissance, d’excuses et de réparation de la part de la France, mais elles n’ont annoncé aucune démarche concrète dans cette direction.