Coronavirus: Trump anticipe deux semaines « très très douloureuses »

New York, épicentre de l’épidémie américaine et déjà métamorphosée sous l’effet du nouveau coronavirus, se préparait mardi au pire, le président américain prévenant que les Etats-Unis allaient faire face à deux semaines « très très douloureuses ».

La Maison Blanche a estimé que la maladie fera entre 100.000 et 240.000 morts dans le pays si les restrictions actuelles étaient respectées, contre 1,5 à 2,2 millions sans aucune mesure.

« Nous allons traverser deux semaines très difficiles », a déclaré Donald Trump lors d’une conférence de presse, sur un ton grave. « Ce seront deux semaines très très douloureuses », a-t-il insisté.

Le Covid-19 a tué dans le pays un nombre record de 865 personnes au cours des dernières 24 heures, selon le comptage mardi soir de l’université Johns Hopkins, qui fait référence.

Cette forte accélération, proche du record relevé le 27 mars en Italie (+969 morts), porte à 3.873 décès le bilan total aux Etats-Unis, pays du monde comptant de loin le plus grand nombre de cas recensés (188.172).

La majorité des morts sont enregistrés à New York, qui a été forcée de se transformer pour pouvoir soigner des dizaines de milliers de malades potentiels du coronavirus.

Une douzaine de tentes dressées dans Central Park depuis dimanche se préparaient mardi à accueillir jusqu’à 70 patients malades du virus provenant de l’hôpital Mount Sinai tout proche.

« On voit des films comme +Contagion+ et on pense que ça ne se produira jamais, alors voir ça pour de vrai, c’est vraiment surréaliste », dit Joanne Dunbar, 57 ans, venue assister à la transformation de ce lieu emblématique de Manhattan.

Après huit jours de travaux menés par le Corps du génie de l’armée de terre des Etats-Unis, le centre de conférences Javits Center, dans Manhattan, est désormais opérationnel, avec près de 3.000 lits destinés aux malades non atteints du coronavirus, pour permettre aux hôpitaux de se concentrer sur l’épidémie.

Quelques rues plus loin, l’imposante silhouette blanche du navire-hôpital militaire Comfort, arrivé lundi avec une capacité de 1.000 lits, se détache au milieu des gratte-ciel.

D’autres sites ont été identifiés à travers la première métropole américaine pour servir d’hôpitaux, dont l’un des bâtiments du complexe de tennis de Flushing Meadows, dans le quartier du Queens, ainsi que des hôtels, destinés à accueillir des personnes contaminées mais pas gravement malades.

L’Etat de New York dans son ensemble, qui comptait mardi en milieu de journée près de 76.000 cas et 1.550 morts, a engagé une course contre la montre pour augmenter sa capacité hospitalière avant le pic de l’épidémie, attendu d’ici « sept à 21 jours », selon le gouverneur Andrew Cuomo, lequel a indiqué mardi que son frère, présentateur sur CNN, était lui aussi infecté.

Le gouverneur a appelé les New-Yorkais à « calibrer leurs attentes pour ne pas être déçus chaque jour au réveil », en voyant la situation s’aggraver.

Inquiétude palpable

« Les New-Yorkais sont dans une situation difficile, et on essaie de faire au mieux pour ouvrir des lieux afin de soulager l’augmentation du nombre de cas », a souligné sur CNN le docteur Anthony Fauci, expert en maladies infectieuses qui conseille Donald Trump sur cette crise.

Dans cette métropole qui n’a jamais été aussi déserte et silencieuse, où résonnent désormais le soir, comme dans de nombreuses villes européennes, les applaudissements saluant le personnel soignant, l’inquiétude est de plus en plus palpable.

Les masques sont omniprésents et les immeubles n’ont « jamais été autant nettoyés », indique Joel Quesada, agent de nettoyage dans un complexe immobilier de Manhattan, où il est passé de 40 à 55 heures de travail par semaine.

Larry Grossman, directeur d’un supermarché, dit avoir perdu ces derniers jours 14 de ses 75 employés, « soit malades, soit ayant peur de venir travailler », malgré les panneaux de verre protecteur installés à chaque caisse.

Si New York est plus que jamais l’épicentre américain de l’épidémie, l’ensemble de la première puissance mondiale vit désormais dans l’inquiétude, avec un nombre de décès maintenant supérieur au bilan officiel chinois (3.305 morts).

Plus de trois Américains sur quatre sont désormais sous des ordres de strict confinement. La plupart des grandes villes sont touchées, et les foyers apparus ces derniers jours, à Chicago ou à la Nouvelle-Orléans, s’aggravent.

Même des Etats ruraux, comme le Montana, qui comptent très peu de cas confirmés, réclament ardemment au gouvernement fédéral masques et kits de test, essentiellement réservés pour l’instant aux personnes gravement malades et aux plus vulnérables.

Le commandant d’un porte-avions nucléaire américain ancré à Guam, l’USS Theodore Roosevelt, confronté à une contamination galopante, a demandé l’autorisation d’évacuer son équipage au Pentagone, qui lui a refusé.

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