Coronavirus: bouclage levé à Wuhan, hécatombe inédite aux Etats-Unis
Des milliers de Chinois se ruaient vers la sortie mercredi à Wuhan après la fin du bouclage de la ville à l’origine du Covid-19, qui poursuit son périple mortel à travers le monde, avec un bilan quotidien record de près de 2.000 décès aux Etats-Unis.
Des dizaines de milliers de passagers étaient attendus mercredi dans les gares de Wuhan, à la faveur de la levée du blocage imposé fin janvier dans cette ville de 11 millions d’habitants située au centre de la Chine.
Zhen, une jeune femme de 24 ans, s’était empressée d’acheter un billet pour partir avant l’aube vers Canton (sud), et ainsi éviter la cohue.
« Je suis relativement sereine, l’épidémie s’est stabilisée », a-t-elle déclaré dans la nuit de mardi à mercredi à l’AFP.
L’aéroport de Wuhan a recommencé à accueillir des passagers en partance, et des milliers d’automobilistes ont pris la route pour quitter la ville. Les contrôles restent toutefois stricts et seules les personnes certifiées en bonne santé peuvent sortir.
La veille et pour la première fois depuis le début de l’épidémie, le ministère chinois de la Santé n’avait fait état d’aucun nouveau décès lié au Covid-19 dans le pays. Mercredi, les autorités ont toutefois annoncé la mort de deux personnes au cours des dernières 24 heures.
Bientôt 100.000 morts
Dans le reste du monde, on s’approche des 100.000 morts, avec plus de 80.000 recensés mardi par l’AFP. Ce comptage, à partir de sources officielles, est toutefois en dessous de la réalité, puisque de nombreux morts hors des hôpitaux ne sont ni testés, ni comptabilisés, par exemple aux Etats-Unis où les règles varient d’un territoire à l’autre.
La France a été mardi le quatrième pays à franchir la barre des 10.000 morts, après l’Italie, l’Espagne et les Etats-Unis. Plusieurs municipalités françaises ont décidé de renforcer les mesures de confinement. A Paris et alentour, l’activité sportive en extérieur est désormais interdite entre 10H00 (8H00 GMT) et 19H00 (17H00 GMT).
Aux Etats-Unis, le coronavirus a tué près de 2.000 personnes en 24 heures mardi, soit le pire bilan journalier dans un seul pays depuis le début de la pandémie.
Dans l’Etat de New York, les autorités s’accrochent néanmoins à quelques lueurs d’espoir. « La moyenne sur trois jours est en baisse, ce qui est une bonne nouvelle », a souligné le gouverneur Andrew Cuomo.
Légère baisse
Idem en Italie, pays européen le plus touché, où la situation s’est par exemple stabilisée à Rome. Après la période intense du mois de mars, les choses semblent se calmer depuis quelques jours avec « une légère baisse du nombre des admissions », constate Girolamo De Andreis, coordinateur infirmier à l’hôpital Tor Vergata, dans l’est de la capitale italienne.
Le nombre de malades en soins intensifs a baissé mardi pour la quatrième journée consécutive en Italie, qui a toutefois passé la barre des 17.000 morts avec 604 nouveaux décès en 24 heures.
En Grande-Bretagne, le Premier ministre Boris Johnson a passé sa deuxième nuit en soins intensifs après avoir été contaminé par le coronavirus et hospitalisé dimanche. « Il s’en tirera, c’est un battant », a affirmé le ministre des Affaires étrangères, Dominic Raab, désigné pour le remplacer.
Si le virus frappe indifféremment puissants et anonymes, il n’en contribue pas moins à accentuer les inégalités.
Dans plusieurs régions des Etats-Unis, le Covid-19 tue ainsi de façon disproportionnée les Noirs, population plus souvent plus pauvre et exposée.
A Stockholm, en Suède, les quartiers pauvres en périphérie sont jusqu’à trois fois plus touchés par le coronavirus.
A Madagascar, le confinement est un casse-tête pour les autorités. Dans le tumulte, des centaines de Malgaches ont pris d’assaut mardi les taxibus de la capitale Antananarivo pour échapper à la prolongation du confinement. « Je préfère mourir dans mon village natal que de mourir ici », explique une retraitée, Delila Razanamandimby, au milieu de la foule.
Divisions en Europe
Partout dans le monde, les autorités tentent d’anticiper les conséquences économiques déjà catastrophiques de la pandémie.
Aux Etats-Unis, l’administration du président Donald Trump a engagé de nouvelles discussions avec le Congrès pour débloquer 250 milliards de dollars supplémentaires en faveur des petites et moyennes entreprises afin de préserver l’emploi.
En revanche, les 27 pays de l’Union européenne continuent à afficher leurs divisions. Les pays du Nord restaient mardi soir opposés à ceux du Sud, qui réclament un effort financier sans précédent au prix d’une dette commune.
La coopération internationale reste difficile. Donald Trump, très remonté contre l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qu’il accuse de favoriser la Chine, a menacé mardi soir de lui couper les vivres.
Stades vides
A Bruxelles, la Commission européenne a finalement renoncé à rendre publiques mercredi ses recommandations pour une sortie coordonnée de la période de confinement, tandis que deux pays, l’Autriche et le Danemark, annonçaient des plans pour lever progressivement les restrictions.
Plus de 4 milliards de personnes dans près de 100 pays ou territoires sont contraintes ou incitées par leurs autorités à rester chez elles. Des centaines de millions d’entre elles, des chrétiens, s’apprêtent cette semaine à fêter Pâques dans des conditions inédites.
Pour la Pâque juive qui commence mercredi soir (et se termine le 16 avril), les familles sont invitées à ne pas se regrouper au-delà du foyer.
Le monde du sport tente de s’adapter à la nouvelle donne. En Allemagne, on anticipe des stades vides pour de nombreux matchs à venir, tandis que le « calcio », le foot italien, se déchire pour savoir si la championnat doit reprendre ou pas cette année.
D’autres, anticipant le monde d’après, y voient une occasion à ne pas manquer. « Quand nous aurons désamorcé cette pandémie, l’argent sera redirigé vers la santé et l’éducation des filles, ainsi que le revenu universel », prédit déjà le patron de Twitter, Jack Dorsey, qui a annoncé mardi un don d’un milliard de dollars pour lutter contre la pandémie.