Créé fin 2018 à la demande du Président Emmanuel Macron, le Haut conseil pour le climat, composé de treize experts, a pour mission principale d’évaluer les politiques climatiques du gouvernement et leur cohérence avec les objectifs fixés.
Dans son rapport publié mardi, le troisième, le HCC constate quelques progrès sur le front de la baisse des émissions de gaz à effet de serre (GES), mais juge que la France ne pourra pas atteindre les objectifs qu’elle s’est fixés.
La France s’est engagée à réduire ses émissions de CO2 de 40% d’ici à 2030 par rapport à 1990. Mais de nouveaux objectifs de l’Union européenne visant à réduire les émissions à 55% d’ici à 2030, obligent Paris à revoir sa copie.
« En raison du retard accumulé par la France, le rythme actuel de réduction annuelle devra pratiquement doubler pour atteindre au moins 3,0% dès 2021 et 3,3 % en moyenne sur la période du troisième budget carbone (2024-2028) », prévient l’organisme indépendant dans son rapport annuel.
Si le document regrette des politiques publiques encore trop peu alignées sur les objectifs climatiques, il salue toutefois des « progrès », « certains d’ordre structurel », dans les secteurs du bâtiment, de l’industrie et de la transformation d’énergie. En revanche, les émissions des transports, premier secteur émetteur (31%), stagnent, et le secteur agricole voit ses émissions diminuer lentement.
Le HCC estime également que le plan de relance post-pandémie « est bien positionné à l’échelle mondiale », avec un tiers de la somme (28 milliards d’euros) destiné à la baisse des émissions, mais appelle toutefois à pérenniser ces financements pour contribuer aux changements structurels vers une économie bas-carbone.
Pour accélérer cette transition, il suggère certaines mesures comme avancer la date d’arrêt de vente des véhicules thermiques à 2030, la sortie des énergies fossiles pour le chauffage des bâtiments ou la fin des exemptions de taxes sur le fioul, notamment à usage agricole.
Le HCC appelle d’autre part le gouvernement à s’appliquer ce qu’il prône à l’extérieur: « Le pays se positionne comme un acteur majeur dans la lutte contre le réchauffement dans le cadre des négociations européennes mais peine à atteindre ses propres objectifs nationaux ».
« Nous pensons toujours que nous sommes capables d’atteindre notre objectif de 2030 », a réagi Matignon au nouveau rapport du HCC.
Le gouvernement travaille « pour muscler les objectifs français », a assuré Matignon envisageant l’annonce après l’été d’éventuelles « mesures complémentaires de façon à tenir nos ambitions ».
Pour ses deux premières évaluations, le HCC avait déjà affirmé que la France n’était pas sur les bons rails en matière de lutte contre le réchauffement climatique, et qu’elle ne se donnait pas tous les moyens d’y parvenir.