Avec la nomination de Brice Hortefeux à l’Intérieur et à l’Immigration, Nicolas Sarkozy a fait disparaître «l’identité nationale», le fleuron magique de la première partie de son mandat. Dans une interview publiée mercredi par le Figaro, Brice Hortefeux justifie cette disparition sur laquelle ni le président de la République ni le Premier ministre n’ont été jusqu’à présent suffisamment loquaces.
Pour Brice Hortefeux, il y a comme un début d’aveu d’échec : «Le débat courageusement mené par mon prédécesseur, Éric Besson, n’a pas été compris. Mais au-delà des mots, sous l’autorité du président de la République, ma mission est de permettre la cohésion de notre société et le respect de nos valeurs républicaines». Brice Hortefeux, premier flic de France ? Jusqu’à la dernière minute, Nicolas Sarkozy cherchait à son ami intime une autre affectation.
Dans le roman secret du remaniement que la presse française s’amuse à publier après coups, Brice Hortefeux était sur le point de rejoindre l’Elysée comme secrétaire général et céder sa place à l’actuel titulaire du poste, l’insubmersible Claude Guéant. Et c’est le maintien contraint de François Fillon à Matignon qui semble avoir obligé Nicolas Sarkozy à éviter les grands chamboulements qui tournent plus les têtes qu’ils n’apportent de clarifications. Dans sa démarche actuelle, Brice Hortefeux n’annonce aucune nouveauté.
La lutte contre les réseaux de l’immigration clandestine va se poursuivre, l’octroi des visas va être encore plus sous contrôle, la France va choisir ses immigrés et les reconduites à la frontière et des démantèlements des camps sauvages ne vont pas connaître de répit. Les chiffres donnés par Brice Hortefeux se veulent éloquents et efficaces. Sur les expulsions : «Depuis 2007, près de 106.000 immigrés clandestins ont été éloignés. Ils sont 25.500 depuis le début de l’année». Quant au démantèlement de camps «Depuis août dernier, 490 implantations illégales ont été évacuées, sur les 600 recensées».
Sur ces questions cruciales, Brice Hortefeux doit composer avec une opposition de plus en plus virulente et qui cherche à effacer les accusations de compromission et de naïveté sur la sécurité que lui oppose régulièrement Nicolas Sarkozy. Il doit aussi composer avec des critiques internes à la majorité et qui sont pour le moment portées avec une rare détermination par l’ancienne garde des Sceaux Rachida Dati. Pour elle, les chiffres sont «sans appel». «Les résultats ne sont pas au rendez-vous sur la sécurité (…)» Les atteintes aux personnes «qui ne cessent d’augmenter, et en particulier les violences contre les représentants de l’Etat (…) Avec une escalade dans la violence de la délinquance des mineurs». Un vrai réquisitoire contre Brice Hortefeux qui vide de sa substance la démarche triomphaliste du ministre de l’Intérieur.