Bolsonaro à Davos pour vendre son « nouveau Brésil », mariant populisme et libéralisme

Le populisme main dans la main avec le libéralisme économique? C’est plus ou moins l’image que voudra esquisser le nouveau président brésilien, Jair Bolsonaro, mardi à Davos, grand-messe annuelle de la mondialisation.

A son arrivée dans les Alpes suisses, il a lâché quelques mots aux journalistes brésiliens qui l’attendaient devant son hôtel: "Nous sommes ici pour montrer que le Brésil a changé".

Ce changement passe en particulier par la lutte contre la corruption, grande promesse de M. Bolsonaro, mais qui se retrouve aux prises au Brésil avec le tout premier scandale depuis son accession au pouvoir le 1er janvier: son fils aîné est en effet dans le viseur d’une agence gouvernementale pour des transactions financières.

Dans la station de ski huppée qu’il a choisie pour son premier déplacement international, le président d’extrême droite va s’employer à ce que "le monde reprenne confiance en nous, pour que les affaires fleurissent à nouveau, sans orientation idéologique", en référence aux gouvernements de gauche à la tête du Brésil pendant 13 ans (2003-2016).

M. Bolsonaro va tenter de séduire les quelque 3.000 grands patrons et décideurs politiques rassemblés jusqu’à vendredi à Davos, transformé tous les ans en camp retranché.

Le ballet des hélicoptères et des limousines dans la ville enneigée n’a pas amené cette année les têtes d’affiche qui avaient animé le Forum économique mondial l’an dernier.

Donald Trump a renoncé pour cause de "shutdown", Theresa May a annulé sa venue pour tenter de trouver une issue à la crise du Bexit, et Emmanuel Macron, contesté par les "gilets jaunes", a également fait l’impasse.

"Cette année Davos se distingue par ceux qui ne viendront pas", observe Nariman Behravesh, chef économiste de la société IHS Markit, habitué du Forum.

Mais ce retour aux petits-déjeuners d’affaires et aux négociations commerciales "n’est pas forcément une mauvaise chose", juge-t-il. "Les patrons américains ne viennent pas ici pour écouter parler Trump, ils viennent rencontrer d’autres patrons".

Les PDG devraient toutefois tendre l’oreille pour écouter Jair Bolsonaro, tête d’affiche de cette semaine de débats aussi hétéroclites qu’animés de bonnes intentions, sur les déchets plastiques, la santé mentale ou la paix dans le monde.

M. Bolsonaro doit faire un discours mardi à 14H30 GMT. Mais pour Bruno Binetti, du centre de réflexions Inter-American Dialogue, c’est son ministre de l’Economie, l’ultra-libéral Paulo Guedes, qui devra "décrire le programme avec plus de précision".

Le nouvel exécutif brésilien "est très favorable aux affaires, ce qui est une bonne chose", souligne M. Behravesh, appelant de ses voeux des baisses d’impôt et une "forte dérégulation".

Cette volonté de déréguler effraie toutefois les défenseurs de l’environnement au Brésil, qui s’inquiètent de voir tomber les barrières légales protégeant la forêt amazonienne et les tribus autochtones.

Outre quelques responsables politiques européens – la chancelière allemande Angela Merkel accompagnée de sa dauphine désignée Annegret Kramp-Karrenbauer, et le chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte – Davos accueillera aussi une importante présence chinoise.

Le discours mercredi du vice-président chinois Wang Qishan est un autre moment attendu du Forum économique mondial, en plein ralentissement de l’économie chinoise, sans oublier le bras de fer commercial avec les Etats-Unis.

Ce combat de titans, associé aux incertitudes autour du Brexit, fait peser de lourds risques sur l’économie mondiale, a averti lundi le Fonds monétaire international (FMI).

Et près de 30% des dirigeants d’entreprise estiment que la croissance économique mondiale devrait décliner au cours des 12 prochains mois, soit environ six fois plus que l’an dernier, selon une étude du cabinet PwC dévoilée à Davos.

L’organisation non gouvernementale britannique Oxfam a elle dénoncé lundi les inégalités galopantes: 26 milliardaires disposent désormais d’autant d’argent que les 3,8 milliards les plus pauvres de la planète. Trois d’entre eux sont annoncés à Davos: l’Américain Bill Gates, le magnat de l’industrie indien Muksh Ambani et le fondateur du géant chinois Alibaba, Jack Ma.

"Les inégalités minent la démocratie. Les gens sont en colère", a averti la directrice exécutive d’Oxfam, Winnie Byanyima.

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