Joe Biden et Bernie Sanders ont attaqué Donald Trump pour sa gestion de la pandémie due au coronavirus, à l’ouverture de leur premier face-à-face télévisé des primaires démocrates pour désigner l’adversaire du milliardaire républicain à l’élection présidentielle de novembre aux Etats-Unis.
Estimant qu’il faut déclarer « la guerre » à la maladie et « faire beaucoup plus que ce qu’a fait ce président », Joe Biden, grand favori de la compétition démocrate, n’a pas hésité à invoquer les grands moyens.
« J’aurais recours à l’armée immédiatement », a martelé l’ancien vice-président américain d’un ton martial. « Les militaires ont la capacité de construire des hôpitaux de 500 lits » dont le pays « a besoin », a-t-il ajouté.
Bernie Sanders a lui accusé Donald Trump de « saper » le travail des experts.
« Nous devons faire taire ce président dès maintenant », a-t-il lancé. « Il est inacceptable de l’entendre déblatérer sur des informations non factuelles », a déploré le sénateur socialiste.
En perte de vitesse, ce dernier a toutefois aussi tenté de se saisir de la crise sanitaire pour démontrer les failles du système américain de protection sociale, son principal cheval de bataille, en poussant ses propositions-phares, comme la couverture-maladie publique universelle.
Sans public
« Cela n’a rien à voir », l’a repris Joe Biden, tout en assurant ne pas vouloir faire de cette « urgence nationale » un sujet de discorde entre démocrates.
Cet onzième débat démocrate se résume à un duel entre les deux septuagénaires, désormais seuls à se disputer l’investiture démocrate.
Le plateau de CNN semble bien vide: on est loin des vingt candidats répartis sur deux soirées lors des premières joutes en juin. Qui plus est, le débat a lieu dans la capitale fédérale en l’absence de tout public en raison de l’épidémie, et les pupitres des candidats sont distants de 1,80 mètre par précaution.
Il devait initialement se tenir dans l’Arizona, un des quatre Etats qui votent mardi pour une nouvelle étape de ce marathon électoral avec la Floride, l’Ohio et l’Illinois.
Ces Etats ont décidé de maintenir le scrutin malgré la pandémie, devenue la préoccupation numéro un de la classe politique et qui rend de plus en plus difficile de faire campagne.
La Géorgie et la Louisane, qui devaient voter ensuite, ont reporté leur primaire.
Et l’essentiel des réunions publiques ont dû être annulées.
Cela pourrait constituer un handicap de plus pour Bernie Sanders, dont une des forces réside dans sa capacité à galvaniser les foules nombreuses qui viennent à ses meetings.
« Le même but »
Après des débuts calamiteux, Joe Biden, 77 ans, a fait un come-back spectaculaire et a rassemblé derrière lui le camp modéré, convaincu qu’il est le mieux placé pour battre Donald Trump. Il domine les intentions de vote, souvent avec plus de vingt points d’avance sur Bernie Sanders, 78 ans.
Le sénateur a fait le chemin inverse, enchaînant les défaites en mars après avoir été le favori à l’issue des premiers votes.
Mercredi, au lendemain d’un échec lourd en symboles dans le Michigan, bastion industriel de Midwest, il a d’ailleurs reconnu avoir perdu, pour l’heure, un enjeu crucial de ces primaires: convaincre qu’il est capable d’empêcher le milliardaire républicain d’empocher un second mandat.
Mais il ne s’est pas retiré à ce stade, préférant donner rendez-vous à l’ancien vice-président de Barack Obama ce dimanche pour lui poser des questions de fond sur plusieurs points de son propre programme, sur le coût de la santé, la dette étudiante ou le climat.
Une manière de réclamer des gages à son rival, avant un éventuel retrait, sur sa « révolution politique » qui électrise des foules souvent jeunes ? « Bernie » a en tout cas estimé avoir « gagné le débat idéologique » et « générationnel », en rendant incontournables, même pour les plus modérés des démocrates, nombre de ses idées très à gauche pour les Etats-Unis.
« Nous avons des problèmes à régler maintenant. Maintenant. Qu’est-ce qu’une révolution pourrait y faire ? Tout chambouler en attendant ? », a répondu dimanche le candidat modéré, dans un échange au cours duquel les deux hommes, qui se sont longuement cotoyés au Sénat, se son donné presque affectueusement du « Joe » et du « Bernie ».
Joe Biden, qui a un programme plus centriste mais aussi, jusqu’ici, moins détaillé, lui avait d’ailleurs tendu la main mardi: « Nous avons le même but et ensemble, nous battrons Donald Trump ».
Le favori a pris une avance confortable dans la course aux délégués qui désigneront en juillet le candidat démocrate. Et les Etats qui votent mardi, gros pourvoyeurs de délégués, devraient lui permettre de consolider sa position — la Floride notamment où la communauté cubaine vit très mal certains propos de Bernie Sanders jugés trop bienveillants à l’égard du régime castriste.